L'histoire :
Paris, fin du XIIème siècle. Tout juste arrivée dans la capitale pour rejoindre l'armée du roi, une bande d'hommes en armes fait irruption dans une taverne afin d'oublier la fatigue du voyage. Mais, peu discrets, leurs manières attirent quelques peu l'attention d'un trio qui voulaient, eux, rester discrets ; ils y laisseront la vie. Contre quelques sous, le larcin est noyé, les corps balancés dans le Seine. C'est qu'à cette époque, il ne fait pas bon croiser la route du Roy des Ribauds. Régnant sur la pègre parisienne pour le compte du roi Philippe II Auguste, celui qu'on appelle aussi le Triste Sir ne s’embarrasse pas de détails pour maintenir un joug ferme et incontesté. Alors, quand un soir, il apprend qu'un sombre marchand venu d'Aquitaine a osé s'en prendre à sa fille, son sang ne fait ni une ni deux. Accompagné de ses deux fidèles compagnons, il le retrouve et l’occit. Mais sa vengeance pourrait avoir de lourdes conséquences. Protégé par les hommes du chef d'une confrérie de brigands et visité par une mystérieuse cavalière, le notable était porteur d'un lourd secret...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir gagné ensemble leurs galons d’auteurs sur Block 109 et avoir poursuivi l’exercice avec Chaos team, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat reviennent encore – et frappent à nouveau fort ! – avec un projet ancré cette fois au Moyen-âge. Fini, donc, les développements futuristes. Retour aux sources de l’Histoire, française comme personnelle, puisque l’on apprend en fin d’ouvrage que l’idée du personnage principal ne date pas d’hier (…). , quésako ? Homme de l’ombre chargé de garder un œil sur la remuante et vile plèbe parisienne, ce sergent apparu sous Philippe Auguste paraît avoir joué un rôle non négligeable dans l’assise que purent avoir les rois capétiens sur leur capitale. Il fallait sans doute une poigne de fer et peu de scrupules pour occuper cette place et c’est donc ainsi, profitant du peu d’informations glanées, que le duo a imaginé son Triste Sir : à la fois distant, mystérieux et terrible ! Naturellement, derrière la figure balafrée, on devine un homme dont le passé et les faiblesses personnelles – notamment sa fille – vont l’entraîner dans un complot d’envergure international où se joueront les destinées de la couronne. Très fidèle à la réalité historique, Vincent Brugeas n’a introduit que peu d’éléments dissonants, sinon ce personnage de narrateur mauresque – peu évident d’ailleurs à comprendre au début – mais qui, dans un contexte de croisades, ne jure pas outre mesure (on pensera au rôle de Morgan Freeman dans le film Robin des bois de Kevin Reynolds). Parfaitement rythmée et mise en scène à quatre mains, cette mise en bouche de près de 150 pages se révèle noire, accrocheuse et implacable. Ronan Toulhoat démontre à chaque planche sa maîtrise accomplie de l’action et de la scénarisation. Jusqu’aux silhouettes de Richard Cœur de Lion et de sa mère Aliénor d’Aquitaine, on sent que l’artiste s’est éclaté à dépeindre, entre ombres et lumières, cette ribambelle de gueules cassées, de tronches toutes amochées par les vicissitudes d’une vie qui, à l’époque, ne pardonnait que peu. Les amateurs d’Histoire et d’action se rejoindront pour saluer ces débuts de règne : longue vie au Roy des Ribauds !