L'histoire :
Depuis ses 20 ans, Tristan, chevelu balafré, surnommé le « triste sire » ou le « roy des ribauds », a mis son épée au service du jeune roi Philippe Auguste, exécutant drastiquement ses basses œuvres. Avec ses fidèles amis Michel et Saïf, eux aussi de fines lames et des combattants aguerris, il assassine les ennemis de la couronne ou exerce des pressions sur les obstacles, sur simple demande du roi. Cependant, il dissimule à Philippe Auguste qu’il est le responsable d’une exaction lourde de conséquences, un ambassadeur qu’il a tué pour avoir frappé sa fille. En cette année 1194, un tout autre complot se trame, venant de Richard cœur de lion et de sa mère, Aliénor d’Aquitaine. Ces derniers font en effet appel à un mercenaire, « le rouennais », une brute épaisse, afin de semer le trouble parmi les barons de Tristan et déstabiliser sa main-mise sur les bas-fonds parisiens. Le rouennais profite de ce que Tristan accompagne Philippe Auguste en province, au front contre les armées de Richard cœur de lion, pour entamer son entreprise de sape. Quand Tristan est de retour à la capitale, c’est le chaos. Il est agressé de toutes parts et Michel se fait enlever. Heureusement, sa fille Sybille est sauve, grâce à un nouvel allié de circonstance, surnommé « le hibou »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après leur uchronique Block 109 et ses dérivés, le duo Brugeas-Toulhoat continue de se frotter au registre médiéval avec le Roy des ribauds. Le héros Tristan est un tueur au service du roi de France Philippe Auguste (règne de 1179 à1223), exécutant aveuglément et efficacement ses basses œuvres. L’ancêtre d’un homme du SAC, en quelque sorte. Or tout Roy des ribauds soit-il, cela ne l’empêche pas d’être la cible de diverses manigances, si possible ignobles et atroces, pour faire honneur à l’époque âpre et barbare. Comme l’indique clairement la couverture, l’intrigue de ce second opus se noue autour de Michel, enlevé et torturé, afin d’attirer Tristan dans l’ultime piège de sa déchéance. Aux manœuvres, Aliénor d’Aquitaine et son fils Richard cœur de lion tentent de glaner par de sournois complots ce qu’ils n’arrivent pas à obtenir sur les champs de batailles. Cependant, le scénario de Vincent Brugeas ne vous prend pas par la main. L’alternance brute des séquences, l’abus des non-dits, les dialogues souvent sibyllins, réclameront un peu de concentration de la part du lectorat, qu’on recommande plutôt adulte. Contrepartie de la méthode, ce scénario ancré dans une authenticité historique légèrement arrangée fait une nouvelle fois grand place à la « narration graphique ». Quand on s’associe avec un talent pur comme celui de Ronan Toulhoat, c’est le moins qu’on puisse faire. Son dessin réaliste, riche et savamment colorisé (avec la complicité de Johann Corgié), se dégage des masses noires et se magnifie en toutes circonstances : qu’il s’agisse de cadrer des plongées sur les ruelles médiévales ou d’animer avec beaucoup de dynamisme les personnages expressifs – quand bien même leur musculature les rapproche parfois plus d’un incroyable Hulk que de la soldatesque johannetpirlouitienne. Pour ce traitement testostéroné de l’héroïsme médiéval, tout autant que pour le moyen format d’édition et le découpage en chapitres, cette série ravira le public amateur de comics…