L'histoire :
Plus de vingt années d'illustrations regroupées en 5 chapitres, en majorité muets ou traduits en anglais. Simples crayonnés de silhouettes élancées ou véritables peintures transfigurées d'une réalité fantasmée. Sur une ou deux pages, un quart, 3 quarts ou 4 pages, composées avec passion et attention à une ambiance délicieusement iconoclaste...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici déjà quelques années que son graphisme subversif et prenant habite les pages du monde de la bande dessinée. De son œuvre, le lecteur retient notamment la sulfureuse Anita Bomba ou le rebelle Bal de la sueur. Bref, Didier David, alias Cromwell, aime gratter là où d'autres restent bien sages. Lui n'en fait qu'à sa tête. Cet art-book prouve d'ailleurs – à l'image de son dernier album Le Dernier des Mohican – qu'il est un véritable artiste dont le sujet importe moins que le traitement proposé. Organisé en 5 chapitres ouverts par un premier « hors-la-loi », l'opus expose en vrac un road-trip d'illustrations souvent sombres, sensuelles et à fleur de peau. Des dessins parfois croisés ça et là ou puisés dans la banque – que l'on imagine sans fond – du maître ès révolution(s). Derrière l'irrévérence et la malice de ses personnages, on devine aussi une réflexion, une évolution personnelle portée par une conviction profonde forgée au fil des pages. La conviction de devoir rester en marge. Le devoir de porter « le coup de grâce » et de toujours défricher des chemins que le commun n'ose point. Pour le clin d’œil et la parenté illustre, on notera, amusé, que le trait élancé des silhouettes féminines aux seins pointés rappellent un autre grand de la même génération, Régis Loisel. Une belle filiation qu'il ne faut sans doute pas pousser trop loin, tellement Cromwell reste à part, Quelque part. Un violent et superbe illustré, brut de décoffrage, à parcourir et, le cas échéant, pourquoi pas offrir.