L'histoire :
Juin 1917, dans l’Atlantique Nord. Karl Heinrich Graf von Altberg-Ehrenstein, lieutenant-commandant de la flotte impériale allemande, en charge du torpilleur submersible U-29, donne l’ordre de couler un cargo britannique. Après avoir filmé la scène pour servir la propagande, il fait détruire tous les canots de sauvetage des rescapés et cette mission accomplie, fait plonger le sous-marin. Quelques jours plus tard, alors que ce dernier remonte à la surface, les membres de l’équipage ont la surprise de découvrir un cadavre solidement accroché au bastingage de l’U-29. Ils le décrochent et rendent son corps à l’océan, après avoir pris soin de lui faire les poches et d’en retirer un étrange visage sculpté dans l’ivoire. L’un des marins est alors pris de frayeur en croyant voir le macchabée s’éloigner en nageant. Les jours suivants, de curieux évènements se produisent à bord d’ l’U-29. Des marins sombrent dans la folie, d’autres disparaissent et surtout, un fort courant marin non répertorié freine considérablement la progression du submersible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot (de nouveau) réédité chez Akiléos, est l’adaptation d’une nouvelle de Howard Phillips Lovecraft, Le temple. De nombreux aspects font immédiatement penser à l’ambiance d’épouvante de la série Sanctuaire. Tout d’abord le huis clos abyssal oppressant éveille en nous la même claustrophobie. Puis une folie meurtrière s’empare également tour à tour des marins. Enfin le submersible s’échoue à proximité d’un mystérieux sanctuaire atlante. Cependant, la nouvelle de Lovecraft se termine en queue de poisson et la conclusion livrée telle quelle à l’imagination du lecteur laisse un arrière goût d’inachevé. Cela ne retire en rien la qualité de cette lente et progressive descente aux enfers. La narration suit les pensées du commandant, quasiment entièrement confiées à une voix-off perdue dans des cases géantes et froides. Ce procédé renforce le côté oppressant du récit et s’ajoute au dessin fin et réaliste de Florent Calvez également froid et impassible, notamment via une mise en couleur extrêmement sombre et sobre. Et peu à peu, on finit par comprendre que la rigueur maladive du commandant est peut-être plus démente que la folie qui s’est emparée de ses hommes…