L'histoire :
C'est une journée comme une autre dans le village de nos irréductibles gaulois. Enfin, une journée comme une autre pour Cetautomatix, qui est en train de rosser Assurancetourix, le piètre barde de la communauté. Tout le monde le sait, au détriment de nombreux tympans, cet homme ne produit pas de mélodie avec sa voix. Non, tout ce qu'il sait faire, c'est mettre les nerfs à vif de son auditoire. En vérité, ceux qui sont forcés de l'entendre sont victimes de sa pollution sonore ! Alors voici le forgeron qui lui hurle dessus, entre deux taloches. Naturellement, l'ego du barde en prend un coup. Paf ! Et un autre sur le nez ! Mais c'est surtout sa sensibilité d'artiste qui est mise à mal. C'est un incompris parmi les barbares. La preuve ? Il va participer au concours qui réunit tous les bardes gaulois et ramener le Menhir d'Or qui récompense le meilleur d'entre-eux. Ça, c'est ce qu'il pense. Astérix, avec son empathie, comprend sans doute la souffrance d'Assurancetourix et il décide de l'accompagner à ce prestigieux concours, en la compagnie d'un Obelix pas vraiment dérangé, du moment qu'il peut se boucher les oreilles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Mehnir d'or n'est pas une bande dessinée. Il s'agit d'une aventure que René Gosciny avait imaginée en 1967 pour être le support d'une adaptation en livre-disque. Et oui, c'était un 33 Tours, comme de grandes séries du Franco-Belges en ont connu alors (on pense à Tintin et à Lucky Luke). Le regretté Roger Carel prêtait sa voix à Astérix et on retrouvait le « casting », y compris pour la musique, des artistes de l'univers des dessins animés longs métrages. C'est donc la première fois que le texte est édité et accompagné des dessins alors produits, mais remasterisés sous la supervision d'Albert Uderzo, l'année d'avant son décès. A l'époque, le livre-disque n'avait pas trouvé le succès escompté, s'étant moins bien vendu que les précédents livres-disques (Astérix le gaulois puis Astérix et la serpe d'or). Ce Menhir d'or tomba rapidement dans les oubliettes. Voici donc un petit trésor, une « madeleine de Proust » remise à disposition de tous, avec ses 48 pages au papier épais et à la teinte jaune rappelant les magazines des années 60. Chaque fan des aventures de nos irréductibles gaulois appréciera cet opus qui singe le concours de l'Eurovision, aux rebondissements classiques et au comique de situation permanent. Gosciny y déploie sa verve légendaire, avec sa légion de romains, certes, mais surtout de calembours. La cerise sur le gâteau, c'est l'appli qui permet d'accéder à l'enregistrement, entièrement refait pour l'occasion (et pour cause, la question des droits de diffusion de l'audio original était sans doute un casse-tête). C'est Jean-Claude Donda qui interprète le héros en se rapprochant de façon bluffante de la voix de Roger Carel. Et bien sûr, on y entend, « pour de vrai » Assurancetourix ! Et franchement, on finit l'album en ayant envie de lui asséner, à défaut de baffes, le rituel couplet final des albums : « Non, tu ne chanteras pas, Assurancetourix ! ».