L'histoire :
En usant des plus ignobles manipulations et exactions, le cardinal Rodrigo Borgia s'est fait élire pape, sous le nom d'Alexandre VI. Aujourd'hui, l'un de ses fidèles hommes de main, Duarte, lui rapporte une situation alarmante dans les rues de Rome. L'on y pille, l'on y viole, l'on s'y saoule, on s'adonne à la débauche et à la luxure. Pour rétablir la situation, Borgia décide de faire un exemple... et autant que cela touche un innocent, l'exemple n'en sera que plus frappant. Il commande donc le meurtre d'un plâtrier extrêmement dévot, qui passe sa vie à sculpter des Christ et des statues de la vierge avec ses fils. Les corps de la famille entière sont alors exhibés dénudés, charcutés et crucifiés en une immonde mise en scène. Puis ce pape impitoyable soudoie un misérable gardien de chiens, lui promettant le paradis et une lourde bourse emplie d'écus, afin qu'il s'accuse (temporairement) de ces crimes. Mais au lieu de le faire évader comme convenu, Borgia va au bout de la sentence : le bougre a la langue coupée et meurt écartelé au Colisée en un grand show public. Puis tandis que son corps est dépecé par des chiens, César Borgia, fils ainé du pape, terrasse un taureau, symbole du mal. Plus tard, sa fille Lucrèce sort du couvent pour être mariée. Pour fêter cela, Machiavel lui apporte 4 présents : une esclave noire et sexy, une joueuse de lyre, une somptueuse robe et un miroir où elle pourra désormais se pâmer à tout moment...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite de la biographie « romancée » (et surtout fleurie) du plus sulfureux des papes de la chrétienté, Rodrigo Borgia. Avec nos mœurs d'aujourd'hui, il est difficile d'imaginer qu'un personnage aussi ignoble et dévergondé ait pu exister à ce poste... Pourtant, celui qui s'était baptisé Alexandre VI ne connait guère de défenseur, même au sein de la sphère catholique. Les anecdotes le concernant semblent tout de même ici largement exagérées, quand bien même son règne fut vraisemblablement et effectivement entaché de scandales sexuels et vénaux de toutes sortes. Etant donné que le scénariste de cette version BD n'est autre qu'Alessandro Jodorowski, qui n'a pas pour réputation de faire dans la demi-mesure, les faits et les comportements sont ici extrêmement caricaturaux. Par exemple, que le pape regarde par sa fenêtre pour constater l'état de la situation de Rome, et il contemple une scène d'orgie généralisée que les réalisateurs les plus imaginatifs oeuvrant dans le domaine érotique ont rarement osé représenter (faute de moyens). Néanmoins, comme souvent chez Jodo, l'excès est à la fois l'atout et la limite de l'exercice. On est infiniment plus proche ici des Technopères que de l'image traditionnelle de la papauté... Dans cette veine narrative particulière, ce second volume s'intéresse, comme le stipule également la légende, aux rapports incestueux entre Lucrèce et César, deux des enfants Borgia, puis au mariage politique de la même Lucrèce avec Giovanni Sforza. Bien entendu, nul artiste n'aurait été mieux choisi pour mettre en relief cette biographie infernale, que Milo Manara, maître transalpin incontestable dans le registre érotique. Son coup de crayon réaliste et expert rivalise de précision aussi bien sur les personnages que sur les décors. Les formes de Lucrèce sont affolantes, les scènes de stupre sont délectables... à condition le plus souvent d'en occulter le contexte proprement répugnant.