L'histoire :
Dans un quartier en démolition de New Story City, un barman fait face à un homme grand et costaud, qui trimballe avec lui une petite mallette dans laquelle il a rangé son saxophone. Ils s'enfuient au moment où des morceaux de l'immeuble commencent à s'écrouler sous les coups de l'immense boule de métal au bout de la grue. Pendant ce temps, le maire de la ville inaugure le nouveau centre commercial Giga Market, aux côtés de Miss Univers, qu'il compte bien inviter au restaurant par la suite. Tony Scrump a pris totalement le contrôle de la ville, la destruction du quartier populaire fait partie de ses plans mégalos, tout comme l'unique station de radio qui diffuse des ondes mystérieuses dictant à leur insu leur comportement aux habitants. Birdy Jones et Edward l'ex barman arrivent chez une amie du musicien, où ils rencontrent Billie, la fille de cette dernière. Billie est une prodige de l'électronique, qui travaille à une riposte contre ces ondes hypnotiques nocives. Mais pour cela, il faudrait réussir à monter au sommet de la Scrump Tower, et émettre vers toute la ville depuis son point le plus haut. La jeune fille se met en route, mais elle ne prévoyait pas qu'elle devrait accepter d'être accompagnée par ces deux gardes du corps improbables. Une traversée de la ville débute, parsemée de rencontres imprévues et parfois irréelles.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son deuxième album de bande-dessinée, le rennais Jop montre beaucoup de qualités avec une balade un peu improvisée dans les rues d'une New York revisitée, hantée par l'esprit des grands musiciens de jazz, et dominée par une version jeune d'un milliardaire à la Donald Trump. Les premières pages du livre sont très réussies, le style de l'auteur en noir, blanc et bleu s'impose d'entrée de jeu, tout comme son rythme de narration et son talent de mise en page. Ensuite, la balade devient plus changeante, moins structurée, un peu comme la partie centrale d'un morceau de jazz quand les musiciens se font plaisir mais qu'on est parfois un peu déroutés. On raccroche lorsque le thème principal revient, ici l'objectif de la jeune Billie, très déterminée. On apprend seulement dans les pages de postface qui sont les musiciens qui ont inspiré une partie des personnages que l'on croise. Autant les lire tout de suite pour mieux apprécier leurs apparitions surprenantes, notamment celles de Screamin' Jay Hawkins, l'auteur de I put a spell on you. Cela dit, pas besoin de savoir qui il était pour être sensible à cette déambulation. Il suffit d'apprécier les belles images comme la voiture sous la pluie en page 92, ou les moments drôles que vivent ces trois compagnons qui ne vont pas du tout ensemble. Un joli bouquin sous une belle couverture, une très belle impression, et la découverte d'un auteur prometteur.