L'histoire :
Marie Noëlle Moënner est institutrice dans le village breton de Plomeneac, durant l’occupation allemande. La journée, elle tente d’inculquer la morale et d’instruire ses élèves d’une classe de septième (actuelle CM2). Elle est plutôt sévère et redoutée des enfants... dont certains sont des petits collabos en puissance. La nuit, elle se tient informée des messages codés échangés par radio entre les différentes cellules de la Résistance. Car les alliés viennent de débarquer en Normandie ! Mais en ce jour du 23 juin 1944 – soit deux semaines après le débarquement – en plein cours de français, elle aperçoit par la fenêtre une voiture d’officiers militaires allemands qui se gare dans la cour. Elle demande aussitôt au petit Jacques de lui rendre service et d’aller faire une course pour elle. Dans le couloir, elle propose à Jacques, d’origine juive, d’aller vite se cacher au grenier. Puis elle revient en classe et entend du chambardement dans le bureau d’à-côté. Elle s’y rend et surprend les allemands qui interrogent de manière musclée monsieur le maire. Ils cherchent un certain Jacques le Gall, qui s’appelle en réalité Rosenthal. L’institutrice invente un bobard : la famille Le Gall est allée à un enterrement. Mais un des allemands s’en va discrètement compter le nombre d’élèves présents dans sa classe : il en manque un…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette édition intégrale compile les deux tomes respectivement parus chez Albin Michel en avril et septembre 2022. C’est l’histoire classiquement tragique durant l’occupation allemande, d’une traque, par les nazis, d’un enfant juif que tente de protéger une institutrice humaniste. On pense évidemment aux films les Choristes ou à Au-revoir les enfants. L’originalité vient du lieu, la Bretagne traditionnelle, et de l’accent porté à la valorisation du corps enseignant. Notre héroïne « Juste parmi les nations » se lance dans un road trip véritablement très périlleux pour elle et les enfants qu’elle emmène avec elle. Au gré des trahisons, des entraides, de la résistance ou de la collaboration, il est bien entendu question de morale, d’éthique, d’humanité, mais aussi de décrypter les fondements de l’antisémitisme, et régulièrement de nous plonger dans des moments de tensions et des sentiments forts. Tout cela est admirablement restitué à travers la narration d’Yves Lavandier et le dessin expressif et semi-réaliste de Carole Maurel. Cet ouvrage très accessible, à la pédagogie fine, avec des personnages diversement attachants, est un bon moyen d’expliquer cette période de l’histoire horrible et honteuse aux plus jeunes.