L'histoire :
L'institutrice Marie-Noëlle est toujours en forêt bretonne accompagnée de ses huit élèves, à tenter de fuir la milice qui cherche à attraper l'un de ses protégés juifs. L'équipe accélère le mouvement et se retrouve face à une falaise surplombant la rivière. Ils n'ont d'autre choix que de sauter, cela distraira les chiens et ralentira la progression de la milice à leurs trousses. Mais la jeune Anig est terrifiée et refuse de se lancer. Elle ne sait pas nager, et l'institutrice s'aperçoit très vite qu'ils sont plusieurs dans ce cas. Alors, comme toujours, elle leur demande d'être solidaires. Ceux qui savent nager soutiendront et accompagneront ceux qui ne savent pas se débrouiller dans l'eau. Ils sont trempés, mais ils comptent bien sauver leur peau. Pendant ce temps, Guénolé, un élève de la classe, a fui, car il ne supportait pas de devoir risquer sa peau pour sauver un juif. Mais il est rattrapé par la milice. Il décide de s'allier avec eux, et on lui donne une mission. Il va retourner vers le groupe, et laissera des indices pour que la milice les rattrape plus facilement et puisse ainsi mettre la main sur le juif – et sur son institutrice. Lorsqu'il parvient à les rejoindre, Marie-Noëlle et le petit garçon recherché sont sur leurs gardes... Ils ne peuvent se résoudre à rejeter l'un des leurs, mais ils savent qu'il peut tous les trahir à n'importe quel moment, et les mettre en danger.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d'un diptyque savamment mené, qui aborde la Seconde Guerre mondiale d'un point de vue intimiste et régional. L'histoire se déroule en Bretagne, dans des décors très familiers, ce qui nous touche davantage. Le lecteur va ressentir toute la tension palpable, saisir les enjeux de taille, tout en étant préservé d'une partie de l'Histoire. A travers la fuite et le périple d'une institutrice et de ses élèves, nous captons l'essence d'un microcosme qui est le reflet d'une situation historique plus globale. Résistance, collaboration, entraide, trahison. Chaque personnage va devoir faire des choix qui impacteront directement les autres, qu'ils soient adultes ou enfants. Ils éprouveront des émotions fortes et contradictoires, passant de la peur au soulagement. Ils transmettent des montagnes russes émotionnelles. On s'attache à cette bande et on admire le courage de cette enseignante. Le dessin de Carole Maurel vient souligner la dignité et la poésie du récit, en contrebalançant cette période sombre par un dessin où règne presque l'insouciance. On appréciera ce traitement d'une période de l'Histoire très souvent traitée en bande dessinée, mais qui ici, apporte un autre éclairage. Elle pourra même permettre à des adultes d'évoquer ce conflit avec leurs enfants, sans les choquer, mais sans cacher non plus la dure réalité.
