L'histoire :
Le 8 juin 1944, un groupe de sept résistants avancent péniblement sur un chemin caillouteux, en vélo et à bord d’une traction avant, en direction d’un vaste refuge de berger sur le plateau du Vercors. Ils évoquent le débarquement récent des américains en Normandie, mais savent que les troupes allemandes leur opposeront une résistance farouche. A leur arrivée, ils découvrent le charnier laissé en l’état depuis juin 1940. Il leur faut évacuer et enterrer les corps putréfiés et calcinés de la famille qui habitait ici, les Aguettaz, massacrés par les boches. Jeannette a du mal à trouver des draps dans la chaumière. Elle finit par les dénicher, tous regroupés en fore de « nid » dans un coin. Avec ses camarades Keren, Szlama, Célestino, Oumar, Eudes et Joran, ils creusent une sépulture décente aux Aguettaz et brûlent la charrette où ils ont entassé les morceaux calcinés. Ils ignorent que la fumée dégagée est observée de loin par un enfant rescapé du massacre. Le plus jeune de la famille a en effet cicatrisé ses blessures et survécu depuis 4 ans à proximité comme un enfant sauvage. Les résistants s’emploient ensuite à remettre la bâtisse en état, afin d’y installer leur QG et leur radio relai. A leur grand plaisir, ils trouvent notamment du matériel pour faire de la gnole de contrebande…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le maquis du Vercors, considéré comme une fabuleuse forteresse naturelle contre l’occupant allemand, connut un véritable martyr lors de la débâcle allemande de juillet 1944. Les faits sont rappelés lors d’un narratif bilan en pleine page sur fond noir, à la page 116 de cet épais album, qui prend le prisme de la petite histoire pour illustrer la grande. Avec les fusillés de la Chapelle-en-Vercors et de la grotte de Luire, 840 français sont sommairement exécutés en une semaine, lors d’un vigoureux assaut nazi (de 10 000 hommes, l’Aktion Bettina), dans le but de stériliser tout retour en Résistance. Avant cela, le scénariste Jean-David Morvan nous présente à un groupe de sept résistants – deux femmes et cinq hommes – qui installent leur QG au sein de la bergerie abandonnée d’une famille jadis massacrée. Rapidement, ils devront prendre en charge un enfant sauvage – un survivant au massacre – le fameux « enfant-loup » du titre. Leur organisation et leur camaraderie croissante sont l’occasion d’évoquer, en flashbacks, différents pans de la Résistance de l’époque, avant que n’intervienne en climax le funeste assaut de la Wehrmacht. Celui-ci occupe le dernier tiers de l’album (de 128 pages) et tenaille les tripes. Evocation historique et exercice mémoriel, cet album se révèle admirablement narré, avec beaucoup de savoir-faire et de maturité documentaire, par l’expérimenté JD Morvan. L’album est également dessiné avec talent, par l’argentin Facundo Percio. Son crayonné charbonneux joue sur une étonnante partition réaliste et des trognes expressives, que complètent les teintes intelligemment surannées de Patricio Delpeche.
