L'histoire :
Alors qu’il chevauche les reliefs enneigés des Alpes, le colonel Laroque est attaqué par une louve affamée. Par un heureux hasard, le capitaine de St Géraud, affecté à la garnison de Montdauphin, lui porte secours et le tire de ce mauvais pas. Les deux hommes gagnent ensuite la citadelle où ils sont accueillis par la belle Anaïs de St Géraud, la femme du capitaine. Le colonel visite alors les lieux en compagnie du commandant de la place. Cependant il refuse courtoisement le logement des officiers préférant l’auberge locale. Là, une surprise l’attend : la patronne et entraîneuse Mathilde déjà croisée au Tonkin, toujours à s’occuper du « confort » du soldat. Les jours suivants, le colonel les passe à observer ce petit monde, l’hiver s’installant. Jusqu’au soir où un officier est retrouvé mort sur le parvis de l’église, assassiné après une entrevue houleuse avec Mme de St Géraud dans la pénombre de l’édifice…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un album de passionnés. Passionnés du détail, de caractères, d’histoires : passionnés d’Histoire. Car l’Histoire est faite de lieux pittoresques, de fantômes hauts en couleurs et de lourds secrets. Cette seconde valse du Bal des chimères conclut l’intrigue engagée autour d’Anaïs de manière à la fois classique et majestueuse. Majestueuse du fait du choix de Montdauphin, citadelle coupée du monde lorsque vint (en 1900) l’hiver. En sus d’un décor « massif » grandiose, le site alpestre confère au récit son atmosphère oppressante. A l’image du monastère flippant du Nom de la Rose (ou plus récemment de la faculté eugénique des Rivières pourpres), le mystère des morts inexpliqués en présence de la belle (et donc dangereuse) femme du capitaine se nourrit du huis clos haut perché. Ces parallèles cinématographiques ont toute raison d’être car on ne compte plus les story boards d’affiches fameuses signés Fabien Lacaf (un petit tour sur le site de l’artiste ? http://www.fabienlacaf.com). Le maître nous offre un crayonné de toute beauté. Très poussé, rehaussé d’un coup de pinceau nuancé, il épargne aux planches un encrage maladroit. Après une éphémère impression brouillonne, la majesté du trait saute aux yeux et accompagne une lecture plaisante. Pénétrante mais classique. En effet, le scénario concocté par les soins de Nelly Moriquand, son amie et fidèle collaboratrice, propose un labyrinthe emprunt de charmes, habité de personnages troublants, dont la sortie… déçoit. Au final, l’ensemble se tient et, cependant, le tour fantastique qui ajoutait à l’envolée du bal s’efface au profit d’un petit pas de côté. Du malaise, ne plane plus qu’un souvenir visuel passionné. A défaut d’être passionnant.