L'histoire :
Dans son domicile de Montpellier, le botaniste Francis Hallé enguirlande le philosophe Aristote, présent en toge et sandales à ses côtés, pour son antique représentation schématique du vivant. A l’époque, il y a 2300 ans, le grec avait tout rangé sous formé triangulaire, en plaçant l’être humain au sommet, puis les animaux, puis les plantes, puis le minéral tout en bas. Francis Hallé explique que ce classement très anthropocentrique est à l’origine de la grave crise écologique actuelle. Ce classement laisse croire que l’homme occupe une place particulière sur Terre, qu’il est le plus important et que la nature est à son service. Très énervé, Francis Hallé emmène Aristote pour faire une longue promenade, afin de l’amener à révolutionner son schéma de pensée. Et cela commence par son jardin. Il lui présente tout d’abord un arbre, puis une forêt. Mais avant d’entrer dans la technicité de ce système botanique, il tente de lui démontrer sa beauté, la poésie qu’il faut y voir avant toute chose. Francis Hallé entraine ensuite Aristote à l’extérieur de sa propriété, dans un lieu de rêve, son jardin botanique idéal. Il lui montre alors un sequoia de 120 mètres de haut et vieux de 3000 ans, qu’on appelle « le Parthénon » (situé en Californie)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette immersion profonde et didactique dans le monde des arbres et des forêts est proposée sous le haut parrainage du botaniste Francis Hallé, sans doute l’homme le plus érudit (de tous les temps) sur le fonctionnement des arbres sur Terre. Le scénariste Vincent Zabus met en narration et le dessinateur Nicoby dessine, de son trait rapide et apaisant, en 112 planches, l’exploration à la fois scientifique, humoristique et poétique des mystères de la nature. Le récit suit Francis Hallé, qui papote avec Aristote (ou son fantôme, puisqu’il est mort il y a 2346 ans) pour remettre en question toutes les certitudes que le grec avait émises à l’époque. Il partage avec une passion dévorante et communicative ses connaissances sur les arbres, depuis son propre jardin jusqu'aux forêts primaires tropicales. Le duo nous entraîne ainsi dans une promenade riche en découvertes, dévoilant les secrets des chablis, ces arbres morts et couchés qui deviennent l'humus et le berceau d'une nouvelle vie ; et de la canopée, cet étage supérieur de la forêt souvent méconnu. Au-delà de l'aspect pédagogique, subtilement véhiculé par des petites vannes et des emportements caractériels des deux éminents experts, cette bande dessinée est une ode à la préservation de la nature. Elle souligne l'importance de comprendre et d'aimer les forêts pour mieux les protéger. Le titre même, ce « Génie » de la forêt, reflète l’idée que la forêt est une entité vivante, dotée d'une intelligence propre, que l'homme se doit évidemment de respecter. Enrichissante, l’œuvre allie savoir scientifique et amour pour la beauté de la nature. Elle ravira autant les passionnés de botanique que les amateurs, tout en sensibilisant le lecteur à la nécessité de préserver l’écosystème forestier.
