L'histoire :
1947, en Nouvelle-Guinée, l’expédition du professeur Kreps découvre une mandibule, mi-homme, mi-singe. Un couple de paléontologues, Sibyl et Cuthbert Greame, doivent partir de Londres pour rejoindre l’expédition. Ils embauchent un journaliste, Douglas Templemore, pour faire le journal de l’expédition. Un travail très intéressant pour le jeune homme, mais problématique : il vient de faire la rencontre d’une jeune écrivaine, Frances Doran, dont il est tombé amoureux. C’est réciproque, mais les deux jeunes gens, gênés, n’osent pas s’avouer leur flamme. Sur ce malentendu, Doug s’embarque pour la Nouvelle-Guinée avec la belle jeune femme et son vieux mari, aussi débonnaire que son épouse est autoritaire. Sybil est péremptoire, tranchante, condescendante avec Doug, mais ils ont des discussions passionnantes, que celui-ci relate dans son abondante correspondance avec sa bien-aimée. Très vite, les missionnaires vont s’apercevoir que les singes qui peuplent la forêt et les montagnes voisines ont des ressemblances troublantes avec les humains. Sont-ils alors des hommes ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vercors est un auteur connu et reconnu grâce notamment au Silence de la mer et aux Animaux dénaturés, publiés en dix ans d’intervalle entre 1942 et 1952. Mais il a aussi été engagé politiquement et philosophiquement. Résistant, il prend le surnom de Vercors avant que le massif lui-même ne devienne un haut lieu de la Résistance. Son vrai nom, Jean Bruller, repasse à la postérité, car c’est l’une de ses descendantes, Hélène Bruller, qui livre le scénario de cette adaptation quelquefois légère, loufoque et qui finit tout de même dans la gravité de l’œuvre originelle. Car Vercors, anticolonialiste, opposé à la torture en Algérie (il rendra sa légion d’honneur en signe de protestation), livre ici une réflexion intense, du point de vue anthropologique et sociologique, sur ce qui fait l’homme. Les hominidés de la Nouvelle-Guinée sont plus respectables que l’entrepreneur Vancruysen, qui s’en sert comme du bétail pour exploiter ses mines. L’adaptation est bonne, bien menée. L’album se dévore, en partie grâce au trait caricatural de Joseph Falzon, simple et agréable à suivre, ainsi qu’à des couleurs vives. Le séquençage est diablement efficace et la relation entre texte et dessin très équilibrée. Un livre agréable.
