L'histoire :
Au pied d’un immeuble, une Mercedes se gare. Une tripotée d’enfants en descend. Si ce n’était leur look soigné et leur chauffeur attitré, on pourrait jurer qu’ils sont en colonie de vacances. Ils jettent rapidement un œil sur l’interphone et identifient au N°304 le cabinet des détectives privés Gelin & Benedict. Quelques instants plus tard, ils s’y présentent et tombent sur le premier nommé. L’homme au visage mal rasé, cheveux gras et cravate en vrac leur ouvre, quelque peu surpris. Un des gosses lui explique qu’ils doivent faire un exposé à l’école sur les détectives privés et que ce cabinet est le premier qu’ils sollicitent. Gelin les accueille alors gentiment et commence par leur dire que son métier n’a rien de commun avec ce qu’on voit à la télévision. Un des enfants le coupe et lui demande pourquoi il enquête sur Mlle Dready, justement une star de la TV. Gelin s’emporte en leur demandant de sortir, ce que les enfants vont faire quelques instants après, non sans avoir laissé derrière eux son cadavre atrocement mutilé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Carlos Trillo et Eduardo Risso font partie des incontournables parmi les auteurs argentins. S’il fallait en apporter une preuve, on pourrait afficher leur bibliographie respective, qui suffirait à fédérer fans de Franco-Belge et de Comics. De Fulù à Je suis un vampire (deux titres parmi leur très nombreuses collaborations), en passant par les Spaghetti Brothers ou le culte 100 Bullets, pour ne citer que ces séries... On retrouve donc les deux illustres complices dans ce polar en Noir et Blanc, dont le début s’avère fort prometteur. Très vite, le lecteur est plongé dans une histoire particulièrement inquiétante de meurtre perpétré par des gosses. La victime est un détective, dont l’associé va naturellement vouloir faire la lumière sur sa tragique disparition. Jusque là tout va bien, mais au fur et à mesure que l’enquête progresse (trop) lentement, de nombreux personnages secondaires viennent alourdir la narration et incarner des stéréotypes assez balourds. L’exemple flagrant est l’érotisme de pacotille qu’engendre cette demoiselle Dready, qui suscite chez un flic caricatural à souhait un désir trouble, pour ne pas dire diabolique. Aussi, l’accumulation de poncifs finit par faire de cette histoire une sorte de fourre-tout dénué de toute originalité. Prenez les thèmes classiques du Mal et du Bien incarnés parmi les humains, de la présence de créatures polymorphes, ajoutez une touche de sexe et de violence, étirez le tout sur plus de 90 planches alors que la moitié aurait suffi et vous finissez par vous dire que c’est bien le dessin qui vous a permis de tenir la longueur. Un album qu’on ne conseillera qu’aux fans des auteurs !