L'histoire :
Habillé de son plus beau costume et de ses lunettes de soleil stylées Top-Gun, un jeune cadre dynamique français se pointe plein d’assurance au dernier étage d’un building allemand. Il vient à l’entretien d’embauche pour entrer dans une grande entreprise de Francfort sur le Main. La dirigeante, Frau Von Harbsthal le reçoit dans son bureau et elle l’humilie direct. Elle n’en a rien à foutre de ses diplômes français issus d’un système bourgeois qui s’auto-congratule. S’il veut le poste, il faut qu’il se déshabille. Le jeune homme comprend qu’il va devoir donner quelques coups de reins bien placés et il s’exécute avec d’autant plus avec assurance qu’il a déjà une belle érection. En fait, il n’a pas tout compris : Frau Von Harbsthal lui explique en lui donnant une grande baffe dans la tronche. Elle exige qu’il tire la langue et qu’il lui obéisse. Dont acte… En quelques minutes, le jeune homme se retrouve avec des écarteurs de bouche, un étau en travers des couilles, coincé à quatre pattes dans un carcan… et Frau Von Harbsthal, assise en face de lui, lui pisse dans la bouche. Désormais, ce sera ainsi : elle lui accorde un poste privilégié, avec des possibilités de promotion, mais il va d’abord falloir qu’il fasse ses preuves…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré l’orientation de son titre germanophile, ce petit bouquin souple et pornographique n’a vraiment, mais alors vraiment rien à voir avec Angela Merkel. Tout d’abord, un petit qualificatif sur le dessin encré noir et blanc : rigide ! Donc adapté ? L’auteur se cache sous un pseudonyme explicite : Yxes. Sous un autre pseudonyme – et sans doute un autre style graphique – il commet des dessins satiriques et politiques, nous apprend Christophe Bier dans sa préface. A travers cet opuscule (ça rime avec…), mister Yxes laisse donc courir ses fantasmes pour la domination sexuelle féminine, la pure, la vraie, l’ultime. Ici, les hommes aiment être des esclaves ou des chiens, au service d’une dominatrice libre de leur accorder des sévices jouissifs… Enrobés de cuir, entravés de chaines, on les fouette, on leur fait lécher des bottes, on leur marche sur les roubignoles avec des talons aiguilles, on leur pisse au visage, on leur insère des trucs pas croyables dans le trou de balle, on leur écrase des cigarettes sur le gland – oui, parce qu’au cas où vous l’ignoreriez, une dominatrice, ça fume clope sur clope et ça ne s’embarrasse pas de mégots. Chers lecteurs mâles : si après cette liste vous vous dites « Aïe, bobo », passez votre chemin : ce bouquin n’est clairement pas pour vous. Si en revanche, vous êtes surpris par un début d’érection, ne loupez pas votre kif ! Quoiqu’il en soit, Yxes pousse parfois son obsession dans des retranchements qui dépassent la limite du « morbidement » acceptable. En plus de leurs penchants SM – qu’on peut admettre sans les partager – nos protagonistes ont en effet une attirance sévère pour le décorum du troisième Reich… et une séquence nécrophile ravira les plus détraqués. En marge de ces contingences désaxées, un propos plus intéressant pointe tout de même le bout de son clitoris : ici, la domination sexuelle féminine s’accompagne de puissance économique et financière. Les dominatrices sont de grandes dirigeantes d’entreprises qui cherchent à mettre le monde à leur botte. D’ailleurs, pour être complet dans la thématique de l’homme-objet, l’entreprise de Frau Von Harbsthal fabrique du sperme artificiel ! La dernière case montrant l’héroïne géante se godant sur un building est une métaphore qui résume à elle seule tout le sens de l’ouvrage.