L'histoire :
Quand notre héros invite une conquête au resto, c'est toujours au McDo. Quand un clodo lui demande une ou deux pièces, il croit à un sondage sur l'habitat. Quand on lui parle de vacances à Bamako, il s'imagine déjà sur les plages... du Portugal. Littérature, musique classique, philosophie, rien n'échappe à l’érudition de notre loser. En public, il a une fâcheuse tendance à lire à l'envers les ouvrages de Sartre et Camus. Et quand on lui dit Godard, il répond Michel Delpech... Quand il est invité à une soirée curaçao, il croit à une partouze « cuir et sado ». Inculte, illettré mais impénitent, notre héros avance avec l'énergie de ceux pour qui le réel n'est jamais qu'une question de perception...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce petit recueil en format à l'italienne réunit pas moins d'une centaine de strips où intervient un personnage qui a tout compris, sans le savoir, à l'art de la loose. Plans drague foireux, culture de comptoir, phrases qui tombent à plat, notre anti-héros jouit d'un potentiel énorme, proportionnel au puits de science qu'il n'est pas. Caricature de lui-même, il sort des vannes qui tombent à plat sans s'en apercevoir (ou omet à dessein, allez savoir) et rejoue la tragédie du con qui s'ignore au rythme d'une centaine de running-gags jubilatoires. Oui, notre gringo est ridicule, bêta et surtout pathétiquement drôle, pas aidé par les chutes diaboliquement acérées de Fabcaro. Dialogues savoureux, décalage sémantique et sens de l'humour sont ici les ressorts percutants d'un comique de situation qui fait mouche à chaque strip. Côté dessin, le trait sommaire va à l'essentiel, efficace et parfaitement au service du propos. Bref, l'adage selon lequel « les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît » se vérifie ici sans détour pour notre plus grand plaisir. Si les prestations de notre anonyme sont minables et lourdaudes, celles de Fabcaro sont en revanche d'une lucidité sans bornes. Bien joué !