L'histoire :
Les années 80, dans un patelin paumé des USA, Rosebud. Les Bradford ont été massacrés chez eux, genre rituel satanique. Gavin Hill, la vingtaine d’années, principal suspect de cette horreur, s’est rendu de lui-même à la police. Menottes aux poignets, le visage cisaillé par de longues cicatrices qui forment un symbole en forme de « sablier », il est interrogé par deux flics. Serein et volubile, il propose aux flics de tout leur raconter… même s’il annonce que la fin de l’histoire ne va pas leur plaire. Il revient quelques jours plus tôt, au moment où il a appris à l’autoradio le massacre de la famille Bradford. Il avait aussitôt pensé à leur fils, Ryan, un pote à lui, et à Nancy, sa voisine, dont il est amoureux transi. Evidemment, Nancy ne risque pas de s’intéresser à lui, pauvre geek complexé et mutique, qui a toujours une casquette sur le crâne et qui s’occupe d’un vidéoclub… Gavin rentre chez lui, retrouver son demi-frère qu’il hait et sa mère borgne. Il apprend le retour de son beau-père Franck, le lendemain. Cette nouvelle ne le ravit pas : alcoolique, Franck l’a régulièrement roué de coups durant son adolescence. Ils se haïssent. Gavin commence pourtant sa journée comme d’habitude, en retrouvant son vieux boss cardiaque au vidéoclub, puis en ayant la visite surprise de Nancy, qui a besoin de parler…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une cassette de Metallica, une montre à quartz, une borne d’Arcade, un vidéoclub qui loue des VHS… Retour dans les années 80 pour cet Arcadium, un one-shot de genres (au pluriel) signé Nikopek, qui sent bon le cinéma de John Carpenter (L’antre de la folie), de David Cronenberg (Vidéodrome) pour l’aspect horrifique, ou les comics de Daniel Clowes ou de Charles Burns pour l’ambiance graphique. Contrairement à la gentillette série Stranger things qui surfe elle aussi sur la thématique lovecraftienne dans les eighties, le thriller horrifique va ici assez loin dans le gore et le fantasmagorique. Tellement loin, que plus le récit avance et plus la voix off du jeune héros, à la fois dépassé par ce qui lui arrive et maître du jeu, promet une explication sidérante… or plus on finit par s’y perdre. Plutôt accrocheuse au début, la trame s’évanouit dans un gloubiboulga ésotérico-satanico-hémoglobino-vidéoludique et c’est un peu fumeux et décevant. Il est néanmoins question de vies parallèles, de possession chthonienne, d’illusions cauchemardesques, de transmission d’un devoir alexithymique de massacres… Dessinée via un trait réaliste fortement encré, sur fonds souvent obscurs (il fait rarement jour), l’ambiance est cependant prégnante, poisseuse, dérangeante… et elle vire au rouge carmin vers la fin. Ames sensibles et végans s’abstenir.
