L'histoire :
Lady Zaaa et Rosa X poursuivent un gros facho dans le bayou putride de Louisiane. Quand elles le rattrapent, elles le clouent à un arbre en lui fichant un couteau de chasse dans la main. Elles le torturent un peu… puis face à son manque de collaboration pour avouer des scrupules, elles le flinguent. A quelques distances de là, le vieil indien nain « Radio Earl » prend son petit-déjeuner en terrasse d’une baraque de la Nouvelle Orléans, en compagnie de Janette. Celle-ci tente de se reconstruire sans son ex, Jad, qu’elle a laissé en perdition avec sa dope dans le bayou. L’indien lui a raconté son contact avec le fantôme Aldus. Ce dernier lui a révélé qu’il avait une fille et que cette dernière avait une marque distinctive : une brûlure de mégot de cigare dans la paume de sa main. Radio Earl s’est mis en quête de cette progéniture et cela donne un nouveau sens à sa vie. Pendant ce temps, dans le bayou, Jad s’enfonce chaque jour un peu plus dans la drogue. Camé au dernier degré, il n’est plus capable de tenir une vie sociale cohérente. Rose Lee s’en aperçoit en lui rendant visite périlleuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le bayou est cette zone de méandres du Mississipi, au sud de la Louisiane, jadis occupée par les cajuns francophones, et regorgeant d’alligators, de moustiques et vraisemblablement… de péquenots, comme la culture pop l’inscrit au fil de ses œuvres. C’est encore cette dernière particularité (fantasmée ?) qui fait tout le sel de cette série du Label 619 d’Ankama, dont la maquette s’inspire largement de celles des comics US. Au rythme d’un immense désordre narratif, le premier tome nous avait immergés dans ce milieu de bouseux, drogués et catcheurs de 8ème zone, qui se fichent des mandales à coups de tessons de bouteilles pour être sympatoches entre eux et causent un langage plus abstrus que les sauvageons de Chevènement. Ce second volet se présente un poil plus ordonné, mais surtout il progresse nettement sur le plan visuel. Neyef déroule de nouveau une griffe personnelle bien en place et porte un soin particulier à soigner ses ambiances, les personnages caricaturaux aux musculatures outrancières et les détails de fonds de case. Sur le plan de l’histoire, à la manière des récits-chorales, on continue de suivre plusieurs personnages aux destins tourmentés, de manière alternée. L’un s’enfonce tragiquement dans la dope, l’autre s’en sort, le troisième cherche sa fille, d’autres montent et animent un bar… à vrai dire, on a encore du mal suivre. Dans le fond, on peine à saisir l’intention de cette série au-delà d’une peinture sociale vacharde sur la vie sordide des ploucs et des drogués de Louisiane.