L'histoire :
Sur Katarsis, une soirée mondaine se prépare. L'hôte, Lord Baad – un industriel richissime et célèbre – va faire son entrée, quand un commando se réclamant du Styx fait irruption et prend l'assemblée en otage. La situation est tendue, mais grâce à l'intervention d'un homme, véritable machine de guerre vêtue de noir, Lord Baad et ses invités sont sauvés. Leur sauveur, nommé Shide, est le bras armé d'un groupe qui travaille au maintien de la paix. Son mentor et aussi sa partenaire – dans tous les sens du terme – est l'agent Sky. Tous deux se confrontent régulièrement au Styx, sorte de groupement pseudo-révolutionnaire et qui est, en réalité, un groupe constitué de plusieurs seigneurs et autres riches industriels, dirigé par la princesse Datura. Il s'avère que Lord Baad lui-même fait partie du Styx. Se sentant trahi par ses partenaires, Baad contacte Sky et Shide et leur propose des données secrètes du Styx en échange de leur protection. La situation dégénère cependant rapidement dès lors que des troupes armées du Styx débarquent, détruisent les données et s'emparent de Sky...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Œuvre de Stéphane Goddard, assisté de Henscher à l'écriture, Blackfury propose de nous faire suivre les aventures d'un héros surgonflé – et distributeur de vannes sur pattes – évoluant dans un univers peuplé de conglomérats et autres alliances stellaires. Ceci n'est pas sans rappeler – et c'est là un compliment – les aventures de Cobra, en un peu plus corporate. Les talents de designer de Goddard sont évident dans le graphisme avec de très beaux effets de lumière et des décors extérieurs de belle facture. On peut cependant regretter le choix de l'artiste/auteur de colorer l'ensemble en ocre-sépia, avec pour résultat d'anonymiser, en quelque sorte, les différents lieux. Que l'on soit dans un bâtiment, dans un vaisseau ou sur une planète exotique, on ne voit guère de changement dans l'atmosphère, ce qui est regrettable. Les traits des personnage sont simplistes, mais cela porte l'attention sur l'action, omniprésente. Sur le plan du récit, cependant, le manque d'originalité pointe. L'intrigue se cache derrière une multiplication de détails inutilement complexes. Les motivations des personnages semblent mystérieuses, on parle d'exploitation de « frek » sans que l'on sache à quoi sert ce minerai (peut-être se mange-t-il ?). Le trait est aussi forcé afin de rendre Shide charismatique : vannes ramboïdes en-veux-tu-en-voilà, tatouages, gros biceps et background caricatural (on a même droit au vieux simili-tibétain et à la scène où Shide, bras aux ciels, s'écrie « Nooooon ! »). C'est dommage car un peu de sobriété et un peu plus de linéarité auraient fait de Blackfury un très bon actioner SF. Reste un récit sympathique, sauvé par ses évidentes racines bourrines 80's et par le talent de l'artiste.