L'histoire :
Lorsque l’institut Geena Davis sort en 2014 un rapport analysant la répartition des genres dans le milieu du cinéma américain, chez les personnages comme leurs créateurs, les chiffres tombent : les femmes représentent 23% des protagonistes, dont 1/4 fortement sexualisées… Aux manettes ? 94% des réalisateurs, 87% des scénaristes, 100% des directeurs studios sont des hommes. Ceci expliquerait-il cela ? Mirion Malle chausse ses lunettes de féministe et observe les productions de cette industrie de la pop culture qui pénètre massivement les yeux et les oreilles de la population mondiale. Emerge sans surprise une prédominance du blanc, cisgenre, hétérosexuel, bien souvent aisé. Au-delà du manque criant de représentation des femmes et de leur diversité, quels rôles leur sont dévolus ? De Game of Thrones (GOT pour les intimes) à Jacky au royaume des filles en passant par Starship Troopers, analyse des clichés, disparités, violences, ainsi que de leurs – trop – rares dépassements. La fiction, reflet et agent de notre société ? Evidemment.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si ce n’est quelques inédits, la majeure partie des pages de Commando Culotte sortent tout droit du blog de Mirion Malle, au titre éponyme. Initiant son discours par des propos généralistes et chiffrés sur les discriminations subies par les populations minoritaires de la pop culture, elle décortique ensuite plus singulièrement certains films et séries populaires sous l’œil acéré du féminisme. L’analyse y est judicieusement menée et met à jour les stéréotypes portés par les personnages féminins, ainsi que les mécanismes narratifs insidieux qui les instrumentalisent. « Slut-bashing », « culture du viol », « friendzone » conceptualisent dès lors les violences qui leur sont faites. L’autrice invite ainsi ses lecteurs/trices à construire la conscience de ces schémas qui guident nos comportements sociaux. A l’heure des polémiques touchant les Oscars ou le festival d’Angoulême, entre autres bien sûr, l’enjeu est de poids. C’est la raison pour laquelle on regrette le ton « teenage » et le caractère assez « monotypique » des fictions choisies à l’étude, qui enferme le discours dans la bulle de l’ « adulescence ». Si l’on se lasse, donc, voire s’agace, des « déso », et autres cœurs qui égrènent les pages, l’on salue cependant l’importance du projet.