L'histoire :
1851. On tambourine à la porte de l’auberge tenue par le couple Fred et Wilmina Keller. C’est le maire de Cap Tourneboussole, une petite île méditerranéenne en forme de pieds ( ! ), qui est venu annoncer à Wilmina la mort tragique et rocambolesque de son père, dans l’explosion du phare. Ce père sulfureux, Auguste Shermann, n’a pas fait qu’une héritière, c'est ce que lui annonce l’avocat Arbus Frequento. Ce dernier a contacté trois autres neveux de celui qu’on a baptisé l’effroyable pirate Shermann, situés aux quatre coins du monde. Ainsi, en plus de Wilmina, sont convoqués dans le bureau de maître Frequento, à Brighton : Cecile Shermann, un cocher méfiant, couard et rondouillard ; Magdalena Shermann, une femme richissime, tyrannique et obèse ; Christ Shermann, commerçant, bretteur et homosexuel. Tous quatre se retrouvent un beau matin à l’étude d’Arbus Frequento pour entendre la lecture d’un testament pour le moins mystérieux. Il est question d’une colossale fortune en or, mais dont le montant et l’emplacement sont inconnus. Ce trésor serait caché sur l’île de Cap Tourneboussole, et il est demandé aux quatre héritiers de participer à une chasse au trésor. Si l’un d’eux refuse de participer aux recherches, il sera exclu de l’héritage. Entre les cupides, les excités et les peureux, l’alliance promet d’être tumultueuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est à une course au trésor totalement rocambolesque, folle, survoltée, que nous convoquent Lorenzo Palloni (au scénario) et Alessandra Marsili (au dessin), avec cet Effroyable Shermann, en one-shot de 128 pages. Le pitch ressemble à un classique de la BD d’aventure : quatre héritiers d’un pirate sulfureux et richissime vont se tirer la bourre pour récupérer la plus large part du magot possible… « post mortem ». Or les moyens narratifs et graphiques ont beau être patents et déployés, on peine diablement à rentrer dans cette histoire et à s’enthousiasmer. Les textes (dialogues et encadrés narratifs) sont aussi surabondants et superfétatoires, que le dessin est parfois stylisé à outrance. Il accentue les comportements, surcharge de détails, de décors, se découpe sur un rythme qui ne laisse pas de respirations, de points d’étape, qui part dans tous les sens… On se perd facilement dans les unités de temps et de lieux, on peine à saisir des enjeux nébuleux, on est rapidement usé par les réactions explosives (de Magdalena, surtout) des personnages caricaturaux à l’extrême… En somme, c’est « bruyant », presque fatiguant. Et pourtant, tant bien que mal, au bout du bout, l’intrigue se dévoile plutôt cohérente, avec son lot de rebondissements fous et son final évidemment… rocambolesque.