L'histoire :
Le Chevalier d’Éon se prépare, avec la Comtesse de Beaumont, pour la soirée déguisée organisée par le Roi Louis XV. Afin de s'amuser, celui-ci est drapé d'une robe et maquillé, telle une femme, faisant d'un déguisement une illusion parfaite. Lors du bal, le jeune Chevalier est repéré par le Roi, qui l'invite à le rejoindre dans un de ses quartiers secrets. Là-bas, le souverain se jette sur ce qu'il croît être une femme, mais il déchante bien vite en découvrant un sexe d'homme. S'il est d'abord en colère, l'une de ses courtisanes, la dame de Pompadour, au courant de la supercherie, intervient et évite une catastrophe. Le Chevalier d’Éon est convoqué plus tard par le Roi qui souhaite lui confier une mission. Vus ses talents de déguisement, Louis XV souhaite que le jeune homme se rende en Russie, sous les traits d'une femme, auprès de la Tsarine Elizabeth, pour lui délivrer un message. Tous les hommes que le Roi a chargé de la mission ont échoué et ont fini en Sibérie. Une soi-disant femme serait peut-être de nature à y parvenir ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Milady de Winter, et son contenu aussi inattendu que captivant, Agnès Maupré avait surpris son monde. Après cette série consacrée à l'un des personnages (fictifs) d'Alexandre Dumas, la jeune auteure se penche désormais sur une figure historique fameuse : Le Chevalier d’Éon. Cet homme du XVIIIème siècle dut sa célébrité à sa faculté de se travestir en femme et en se servant de ce talent pour jouer les espions du Roi Louis XV. L'adaptation de la vie du Chevalier a déjà eu lieu à plusieurs reprises, notamment en mangas avec La Rose de Versailles... mais jamais en bande dessinée franco-belge. Maupré revisite donc l'histoire de cet homme dans une transposition absolument divine. Tout d'abord, le scénario est habile : il insiste sur les complots et autres individus parasitant la cour du Roi. Les jeux de cours sont bien transcrits et se révèlent vraiment intéressants. L'androgynie du personnage confère des séquences très amusantes. Maupré expédie vite les éventuelles questions autour de la personnalité sexuelle du héros. Celui-ci est à l'aise dans les différents accoutrements qu'il endosse. Maupré délivre sa plus belle prestation en termes de dessin. Son trait fin, héritage lointain d'influences sfariennes, s'épanouit dans des jeux de couleurs somptueux. Le Chevalier d’Éon version Maupré étonne autant qu'il passionne et donne envie d'écouter du clavecin... Étrange, non ?