L'histoire :
Au beau milieu des steppes de Kalandra, s'est construit au fil des années un réseau ferroviaire très développé. Les avancées technologiques et industrielles ont permis de l'étendre sur tout le continent, et ainsi de bouleverser la vie des habitants. Les villes étant maintenant reliées aux campagnes et les gens libres de se déplacer. Cela a notamment eu une grande influence sur le commerce, qui s'est accéléré, et sur les croyances, dont la popularité a chuté, au profit de la découverte d'autres paysages et d'autres cultures. Cet essor du train, a également fait émerger de nouvelles pratiques... Et les pirates ont dû s'adapter ! Attaquer les cargaisons des trains, piller leurs contenus, être sans pitié, c'est devenu le quotidien de la troupe de bandits la plus terrifiante du pays. Le gang des « Lames d'Ashura » inspire la peur et la méfiance... Les convois tremblent de peur à l'idée de se voir attaqués ! A la tête de cette troupe, entièrement féminine, se trouve Ashura, la matriarche. Elle est accompagnée de près par ses deux « filles », Shota, qui accorde une grande place à la spiritualité, et Ikari, beaucoup plus impulsive. A leurs côtés, se trouve toujours Osman, fils d'Ashura, le seul homme du clan. Rêveur et passionné par la danse, on lui reproche souvent de trop idéaliser les choses. Mais Ashura commence à vieillir et veut passer la main à l'un de ses enfants. Pour partir en paix, elle prévoit le plus grand pillage de tous les temps. Pendant des jours, des semaines, Les Lames d'Ashura vont aiguiser le plan parfait, vont le mémoriser dans les moindres détails. Mais il y a certains retournements de situation qui ne peuvent être anticipés... Et qui peuvent tout faire basculer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous avions découvert le talentueux Baptiste Pagani grâce à sa précédente parution The Golden Path. Nous le retrouvons en ce début d'année 2021 avec ce nouvel album, dans lequel un gang de jeunes femmes combatives sont prêtes à tout pour piller des trains de marchandises. Nous voilà immergés dans un univers graphique singulier, où les corps sont plutôt androgynes (difficile parfois de faire la différence entre un homme et une femme... Mais au fond, est-ce vraiment important ?) et toujours avec une musculature très développée. Pourtant, une certaine grâce émane de ces personnages, souvent sanguinaires, mais fascinants. Le traitement de la couleur, parfaitement maîtrisée, contribue à apporter de la douceur. Pourtant, le cadre de l'histoire est loin d'être rose ! Dans une contrée inspirée de l'Inde, se jouent des rivalités et de violents combats. Nous en sommes d'ailleurs témoins en tant que lecteurs. L'album est rythmé par des cavales dynamiques et des scènes sanglantes, ponctuées par des dialogues bruts et sans filtres, et quelques scènes libertines. Les illustrations viennent embellir un scénario bien rôdé, qui nous embarque de la première à la dernière page. A travers cette aventure, Pagani explore la complexité des relations familiales, les rivalités qui peuvent refaire surface, mais aussi la difficulté de composer avec des proches aux idéaux bien différents des nôtres. La violence et la vengeance n'en sont finalement qu'une conséquence. Il déconstruit aussi l'image standardisée de la femme, en nous montrant des personnages féminins forts, caractériels, qui maîtrisent les techniques de combat comme personne et qui n'ont pas peur de sortir des sentiers battus... Quitte à tuer ! Un titre complet, plein d'énergie, aux personnages attachants et décapants !