L'histoire :
En ces temps antiques (vers -280 av JC), le médecin grec Hérophile de Chalcédoine arrive à Alexandrie en compagnie de son ami et confrère Arasistrate. Tous deux ont été recrutés par le roi Ptolémé 1er, afin de rejoindre la grande mouvance scientifique qui se met en place au sein de la Bibliothèque d’Alexandrie. Ils sont accueillis au Mouseîon (sanctuaire dédié aux muses et aux arts) par Eratosthène, bibliothécaire en chef et gardien des dogmes. Ce dernier se montre d’emblée quelque peu condescendant envers ces deux nouveaux, qu’il considère comme des pèquenots. Il ignore que Hérophile a poussé ses propres recherches à un niveau élevé, jusqu’à remettre en question bien des préceptes édictés par Hippocrate. Lorsque Hérophile évoque la possibilité de réviser Hippocrate, voire d’étayer ses études en continuant d’ausculter de vrais patients, il se met d’emblée à dos les collègues scientifiques déjà en place. Mais cela de refroidit pas les ardeurs d’Hérophile. Il a bien l’intention de révolutionner la médecine. Dès le premier jour, on installe cependant les deux nouveaux médecins au sein d’un cabinet entouré d’étagères et de vieux parchemins, dans une arrière-salle du temple. C’est là qu’ils vont devoir recevoir et « soigner » la populace, tels de vulgaires guérisseurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si les nouveaux médecins lancent leur carrière en prêtant le « serment d’Hippocrate », c’est parce que ce célèbre savant grec fut fondateur de la science médicale. Pour autant, un bon siècle plus tard, ses préceptes archaïques furent remise en cause et largement modernisés par un autre savant grec, aujourd’hui moins connu, Hérophile. Comme nombre de ses pairs après lui, bien après lui (on pense à Léonard de Vinci, 1750 ans plus tard !), ce dernier se livrait à des dissections post mortem : un sacrilège ! L’autrice italienne Chiara Raimondi nous le présente dans cet album en proie à la vindicte populaire pour cette pratique offensante pour les dieux. L’épisode raconté dans cet album est évidemment fictif : hormis les citations élogieuses par ses contemporains, et ses traités d’anatomie détruits dans un incendie de la fameuse Bibliothèque d’Alexandrie, on ne sait pas grand-chose de la vie d’Hérophile. Sur un dessin souvent stylisé, mais une mise en scène rigoureusement documenté, avec des choix de colorisation radicaux, l’autrice italienne déroule donc un épisode allégorique qui permet de présenter cet homme de science. Pour autant, Hérophile n’est pas le héros de cette série prévue en 3 tomes. Le héros, c’est la Bibliothèque elle-même, sous ses fastes antiques ! Dans les deux prochains volumes annoncés par Chiara Raimondi, ce monument accueillera Ptolémée Philadelphe (qu’on ne croise même pas dans cet album), bâtisseur de la bibliothèque puis roi d’Egypte, et Hypathie, première femme savante de l’Histoire.
