L'histoire :
Köstler est un des nombreux métèques à avoir intégré les forces armées du WeltRaum, état totalitaire qui a annexé ses terres natales. Rien n'a été facile pour lui, que le pouvoir considère comme ayant du sang impur. La seule possibilité pour qu'on lui accorde du respect, c'est de se démarquer par ses qualités de combattant. Il ne tarde pas à le faire au front et le Haut Commandement lui propose donc d'intégrer une unité de choc : les Skraeling. Mais au fur et à mesure que les missions s'enchaînent, aboutissant systématiquement à un carnage, le doute s'installe en lui. Il rencontre Julia, une activiste de la résistance, qui s'attache à lui, mais lui demande aussi de se rallier à sa cause...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En raison de leur prolifération au sein du 9ème art, que certains peuvent légitimement trouver pernicieuse, les univers s'inspirant du IIIème Reich n'ont franchement pas notre préférence. Mais quand le récit épouse une violence utile à dénoncer l'atrocité et l'indignité d'un pouvoir abusif, on ne peut que s'y intéresser de plus près. Skraeling présente donc cette qualité et s'appuie sur un contexte proche de la SF. On pourrait même classer la série dans le genre uchronique. Ce dernier tome vient ainsi conclure le destin de Kos', un soldat au destin tragique. Un «sang mêlé» qui n'a guère eu le choix que d'épouser la cause de l’état qui a exterminé les siens. Un homme que la guerre et le régime nazifiant ont presque rendu fou. Mais ce qu'il reste d'humanité en lui sera réveillé par sa rencontre avec une femme. Prenant peu à peu conscience de l'horreur du régime qu'il sert, il va se destiner à un acte d'une bravoure folle, susceptible de faire vaciller le fléau qui écrase tout un pays de sa botte dictatoriale. Thierry Lamy conclut cette saga en maintenant le lecteur dans une ambiance totalement paranoïaque. Entre des fous de guerre qui utilisent la propagande et l'espionnage pour réduire en esclavage la population, luttes et rivalités internes débouchant sur des complots assassins et enfin scènes d'une violence inouïe, le lecteur est mis à rude épreuve. Damien Venzi illustre le tout avec brio. Son trait réaliste bénéficie d'une palette de couleurs qui rappellent celle d'un Ben Templesmith ou d'un Ashley Wood, rendant le visuel des plus flippants ! Skraeling s'adresse donc à un lectorat adulte. C'est une fiction curieuse, qui met en scène un personnage principal trouble, qui trouvera le chemin de la rédemption. Une série atypique, dont le fond appelle aussi à un devoir de Mémoire.