L'histoire :
En 1995, les 4 membres du groupe de métal Killmasters voyagent à bord de leur van sur une route de Norvège, avec la musique à fond dans l’habitacle. Soudain, un gros camion lancé à vive allure leur fait une queue de poisson. Passablement énervés par son attitude, ils constatent que le camion laisse couler derrière lui un liquide rouge qui ressemble à du sang. Ils décident de le rattraper pour prévenir le chauffeur qu’il perd une partie de sa cargaison. Revenus à sa hauteur, ils constatent que le chauffeur n’a pas l’air tout à fait normal. Il vire brusquement à droite, en empruntant une petite route de campagne, puis mène son camion dans un chemin boueux, au bout duquel il finit par s’arrêter. Les Killmasters s’arrêtent eux aussi et s’approchent… Le chauffeur a disparu. Et c’est bien du sang qui coule de dessous les portes. A l’orée d’un bois, trois chasseurs les interpellent et les tiennent en joue. Qu’est-ce qu’ils foutent là, pourquoi le chauffeur a-t-il disparu, est-ce que la cargaison est en ordre ? L’un d’eux ouvre le camion. A l’intérieur, c’est une boucherie. Ils découvrent des cadavres humains décharnés et un monstre méphistophélique en train de posséder un pauvre hère. Les fusils crachent. Les métalleux prennent la poudre d’escampette à bord de leur van. L’un des chasseurs a le temps de s’engouffrer par leur portière. Le monstre dévore les autres et se retrouve en liberté dans ce paisible coin de campagne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette aventure d’horreur en one-shot ressemble à l’intention improbable de relier la mentalité / le décorum / l’attitude « satanique » d’un groupe de hard-métal avec un phénomène fantastique démoniaque (et rural) tout à fait concret. En effet, dans un coin de campagne norvégienne dépeuplé d’humains mais pas de sapins, les personnages centraux incarnés par les musicos du groupe Killmasters se confrontent sans comprendre pourquoi à une créature tout droit sortie des enfers, quoique tombée du camion. Comment est-elle arrivée là ? Quelle sont ses intentions, à part bouffer tout le monde ? Quelle est la finalité de cette horrible et interminable rencontre ? Le lecteur ne le saura jamais. A la manière d’un clip vidéo, tout cela n’est qu’un prétexte à enchainer des séquences classiques du genre, avec déluge d’hémoglobine, mitraillage de chevrotine, tronches flippées et fumerolles infernales sortant de la gueule dentue du démon plein de piquants sur le dos. On en humerait presque le souffre, à travers le dessin fortement encré et dynamique de Javier. Cette griffe stylisée, vive et charbonneuse, complétée d’une colorisation tout aussi sombre en 3-4 teintes en aplats, fait toute la plus-value de cet exercice gore et satanique, quand bien même on ne comprend pas toujours précisément ce qu’il se passe, via le découpage et les cases… Mais au point de manichéisme où on en est, ça n’est pas très grave. Lutons de concert contre le malin.