L'histoire :
2013, Guatemala City. César Nekros, un riche magnat de l'industrie pour enfants, sort tard le soir de son entreprise. Son chauffeur personnel le conduit chez lui, le rassurant au préalable sur son rendez-vous du soir, une femme de moins de 22 ans et brune. Chez lui, Nékros se prépare et s'affaire en cuisine, lorsque son interphone résonne. Il pleut dehors et la femme se tient devant, une capuche sur la tête, laissant dépasser quelques mèches rousses. Nekros est déçu et maugrée quelque peu avant d'ouvrir. Ce n'est pas une jeune fille sous la capuche, mais une femme bien plus âgée qui le neutralise à coup de taser. Après avoir emmené Nekros dans la cave, elle lui demande s'il se rappelle d'elle. Rien ne vient à l'esprit de Nekros. Pourtant, celle-ci a l'air de bien le connaître. Il y a plusieurs dizaines d'années, Jamie Colgate était enquêtrice au sein de la police de Las Suertes et l'homme qui était dans la cave était suspecté de nombreux meurtres, tous plus horribles les uns que les autres. Des crimes où les cadavres étaient en partie dévorés. Le pire, pour cette ancienne flic, est de constater que celui qu'elle pense être le meurtrier n'a pas vieilli d'un cil...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a longtemps cru que Cha et El Diablo resteraient cantonnés à des récits humoristiques. Avec Pizza Roadtrip, les deux auteurs ont pourtant déjà prouvé qu'ils étaient capables d'être crédibles dans le registre du polar. Après cette réussite, nous attendions avec impatience leur nouvelle collaboration intitulée Un homme de goût. Dès la couverture, on comprend qu'on va lire un récit mettant en scène un cannibale. Les apparences seraient-elles trompeuses ? A la manière du film Hard Candy, une femme séquestre un homme et essaie de lui faire avouer ses crimes. Cette femme est une flic poussée à la retraite anticipée et qui a passé plus de 20 ans à traquer un tueur en série. Or cet assassin n'aurait pas vieilli du tout. Le scénario concocté par El Diablo ne manque de piquant. A mesure que l'histoire progresse, la mayonnaise prend. Le seul regret est qu'on arrive presque trop vite à la fin de cet album qui – nous en sommes ravis – aura une suite ! Le trait si personnel de Cha fonctionne très bien lui aussi. Les séquences de flashbacks sont d'ailleurs très bien pensées, avec des teintes bien choisies. Un homme de goût est plus qu'une bonne surprise. Il est la confirmation des capacités de ces auteurs à se renouveler. Vous reprendrez bien une aile, ou une cuisse ?