L'histoire :
1906, un train venant d’Ostende arrive en gare du Nord de Bruxelles avec, à son bord, le commissaire Hendrikus Ansor. L’homme est attendu à l’hôtel royal pour une mission délicate. La princesse Clémentine, fille du roi Léopold II, a en effet été victime d’un vol. Il y a quelques années, elle était souvent à Spa pour accompagner sa mère dans ses derniers jours. Elle appréciait cette ville d’eau et ses habitants. Un jour, pour remercier le directeur du casino, elle lui a offert une épingle à cravate marquée à son chiffre. Il s’agit d’un beau bijou orné d’un petit diamant africain. Hélas le bijou a été dérobé et depuis qu’elle a reçu un courrier d’un corbeau se faisant appeler Pierre Legrand, la princesse craint d’avoir affaire à un maître chanteur : les jeux d’argent sont un sujet sensible en Belgique. Aujourd’hui, elle n’a plus de nouvelles du directeur du casino, ce dernier aurait disparu. La princesse implore le commissaire de ne pas ébruiter cette affaire dans la presse et lui demande de retrouver cette épingle à cravate...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Ostende, le commissaire Ansor va mener une nouvelle enquête au sein de la haute société belge, dans la ville balnéaire de Spa, à la belle époque. Plusieurs notables s'y suicident, craignant être déshonorés par des scandales que menace de révéler un maître chanteur. Avec patience, flegme et persévérance, ce cousin d’Hercule Poirot, Rouletabille, Sherlock Holmes ou encore Miss Marple va mener une enquête rigoureuse. Avec un scénario qui ouvre sur différentes pistes un peu sinueuses, Patrick Weber ménage subtilement le suspense et laisse le lecteur dans l’expectative quasiment jusqu’à la fin de l’album : s’agit-il d’un chantage politique, crapuleux, d’une vengeance personnelle ? Au-delà de cette enquête au dénouement spectaculaire, dans cette fiction réaliste, les auteurs ont eu à cœur de mettre Spa en valeur : la ville occupe un rôle indispensable dans cette histoire avec son patrimoine et des personnages réels. Olivier Wozniack, dans un style ligne claire académique très élégant, restitue parfaitement l’ambiance du début du siècle passé, tant pour les décors que les costumes des personnages. Les nostalgiques de BD « à papa » vont être aux anges, tant sur la forme du récit avec son découpage linéaire, le style graphique, la narration, que sur le fond, avec des personnages conventionnels et une intrigue bien menée. Cet album se conclut avec un dossier documentaire contenant de nombreuses photos d’époque de Spa, de la famille royale et des éléments de contexte historique.