L'histoire :
Banni pour crime il y a 7 ans par l'althing, Hallstein est aujourd'hui de retour sur sa terre d'Islande. Déposé sur une plage par Birger le marin, il prend la direction de la maison de son père, en compagnie de ses amis Crâne Chauve (Bjarki Leifsson de son vrai nom) et Ukko le finois. Hélas, s'il retrouve bien sa maison, sa belle-mère et son demi-frère, il ne peut que s'incliner devant la tombe de son père, tué quelques temps plus tôt par un ours blanc. Néanmoins, Hallstein a décidé de rester et de s'occuper de la ferme familiale. Finie la vie de mercenaire et d'aventurier. Pendant ce temps, la veuve Solveig repousse pour la énième fois les avances de son prétendant Einar. Depuis la mort de son mari Thord, elle vit à l'écart du village en compagnie de son fils Ottar et de Cormac son thrall (serf à l'époque des vikings). Et malgré les spoliations de bois dont elle est victime, elle ne peut se résoudre à épouser un homme qu'elle déteste. Elle envoie donc Cormac quérir de l'aide auprès de ses parents, afin de régler ce problème de coupes sauvages de son domaine forestier. Elle ignore hélas que ce sont ses propres frères qui la spolient, sur ordre d'Einar, qui espère ainsi qu'elle finira par implorer sa protection ! Or Cormac découvre le pot-aux-roses sur le chemin de retour avec ses frères. Il tente de s'enfuir, mais l'un des deux frères lui fiche une lance dans le thorax. Cormac s'effondre au fond d'un ravin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Anspach ne publient qu’un ou deux albums par an… mais ce sont toujours des ouvrages remarquables ou a minima en dehors du tout-venant commercial. Cet Exilé viking – mais en réalité venu d’un auteur néerlandais – rappellera certes lointainement aux bédéphiles la saga Thorgal, voire la très récente trilogie Serpent Dieu de chez Glénat. L’approche d’Erik Kriek est cependant plus ancrée dans la réalité historique. Notre « héros » islandais a été banni par l’althing (le « parlement » viking local) pour un meurtre qu’il a bel et bien commis jadis. Après un exil de 7 ans, il a purgé sa peine et il compte bien rentrer chez lui et dans le rang, selon le respect des lois et coutumes de l’époque. Néanmoins, on ne s’affranchit pas aussi simplement de son passé… Et il se confronte à de vieilles rancunes, amours et troubles familiaux. Le scénario demeure certes assez classique dans sa trame. Dans un autre contexte, ce pourrait tout aussi bien être un western ou un Maigret. Le dessin de Kriek ne manquera cependant pas de vous interpeler : semi-réaliste, tout en bichromie (bleu-grise ou sanguine), il utilise un maximum de masses noires, jusqu’à s’approcher par moment de la technique de la carte à gratter. S’il arrive qu’on ne distingue pas toujours les personnages, les décors lugubres et le climat austère y gagnent leur pleine mesure. Les 184 pages de cette belle édition comportant un dos toilé ne manqueront pas de faire de l’œil aux lecteurs qui aiment faire voguer leurs drakkars en dehors des eaux douces.
