L'histoire :
En août 1897, par une pluie battante, le docker Jean retrouve le poissonnier Hendrik assommé sur un quai d’Ostende, avec un œil au beurre noir. Ce dernier s’est pris une mandale par un matelot officier – en réalité un certain Roald Amundsen – descendu à quai pour récupérer son chat Nansen. Les dockers considèrent avec circonspection ce vieux baleiniers qui s’apprête à partir en expédition vers le pôle Sud, renommé le Belgica. Ils s’interrogent sur son objectif réel, son financement, son équipage bizarre international… Il est pourtant bien commandé par un belge, un certain Adrien de Gerlache. Une nuit, après avoir un peu picolé, deux d’entre eux décident d’aller jouer du poing avec les gars du bord. Jean les suit de près, afin de leur éviter de faire des conneries… Mais cette belle intention se solde par une poursuite avec un marin, et Jean se retrouve assommé au fond de la cale du Belgica. Quand il revient à lui, c’est pour découvrir que le navire a appareillé ! Le voici passager clandestin parti pour un long périple, alors que sa compagne, qui tient une taverne à Ostende, l’attendait pour le dîner. De Gerlache est alors bien obligé de l’intégrer à l’équipage, en tant que mousse. Jean aura la charge des chiens de traineaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La Belgica est le nom du navire norvégien qui hiverna pour la première fois – de force – dans les glaces de l’Antarctique, pendant 15 mois, de 1897 à 1899. Conduit par le commandant belge Adrien de Gerlache de Gomery, il avait à son bord d’autres grands noms de la conquête des pôles, comme Roald Amundsen (qui fut en 1911 le premier à atteindre le pôle Sud) et Frederick Cook (qui fit la course au pôle Nord, contre Peary, en 1908). Pour autant, ce curieux album ne raconte pas précisément cette expédition polaire et scientifique : seulement 3 planches lui sont consacrées, sur 154. Et à vrai dire, on se demande bien ce qu’a voulu raconter l’auteur italien Toni Bruno, à part le destin sans grand intérêt d’un possible passager clandestin, docker à Ostende, et les relations de son entourage. La narration se perd dans des palabres, des rapports humains plus ou moins tendus, des digressions, des ellipses… qu’on peine parfois à cerner. Jamais on atteint le souffle épique utile, ni l’on hume l’odeur des embruns. Le choix graphique du lavis monochrome gris a aussi tendance à « aplatir » les lieux, les personnages et les enjeux. Cet album aurait gagné à être grandement épuré et mieux rythmé, car l’auteur dévoile un trait dynamique et jeté plutôt engageant.