L'histoire :
En mars 1943, la 2ème Panzerdivision de Waffen-SS, également appelée « Das Reich », combat à Kharkov (Ukraine), sur le front de l’Est. Ils terrorisent, massacrent ou exécutent les populations civiles, ne laissant derrière eux que désolation et silence. Un an plus tard, alors que l’Allemagne nazie redoute un débarquement allié sur les côtes Ouest de la France, Das Reich est en poste à Montauban. Le commandant Diekmann reçoit alors l’ordre du Gruppenführer Lammerding de se replier en soutien vers la Normandie… et d’en profiter pour tenter de réprimer au passage les « terroristes » (les résistants maquisards) qui multiplient les actions, surtout en Limousin. Impressionner la population, c’est parfaitement dans les cordes de Das Reich. Il faut des représailles contre les civils, imposer la force brutale. Cela doit passer par des arrestations massives, des ratissages, des exemples de cruauté. La pédagogie de la terreur doit être maximale. Das Reich se met en route avec ce qu’il leur reste de blindés et d’hommes : surtout de jeunes recrues, des alsaciens, des incompétents… Ils font une première halte à Saint-Junien, à deux pas de Limoges, le jeudi 8 juin. Mais la ville est trop importante pour qu’ils puissent impressionner par des représailles exemplaires. Les nazis cherchent donc un petit bourg plus à la portée des moyens restreints de leur division restreinte. Comme, par exemple, Oradour-sur-Glane…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pas moins de trois BD sur le village martyr d’Oradour-sur-Glane paraissent en ce début d’été 2024, en exergue des commémorations du 80ème anniversaire du massacre perpétré par la division Das Reich, le 10 juin 1944. Par rapport aux albums édités respectivement par Petit à Petit (entrecoupé de focus didactiques) et par Harper Collins (qui propose une biographie du dernier survivant du massacre), cette version BD de 78 pages est celle qui répond le plus aux canons artistiques et narratifs du 9ème art. Le vétéran Bruno Marivain est au dessin et on peut compter sur son expérience pour livrer un dessin semi-réaliste appliqué, aux cadrages soignés, aux décors et uniformes documentés. La colorisation aux frontières du monochrome ocre (comme pour les cartes postales anciennes) est assurée par la toute aussi expérimentée Cerise. C’est aussi la version qui se concentre le plus sur le jour du massacre, sa chronologie, ses rescapés passés à la postérité (Roger Godfrin, Robert Hébras, Marguerite Rouffnche, Camille Senon) et sur les motivations de ses responsables. Leur soif de cruauté était tout autant issue de leur idéologie suprématiste que du désir inouï de faire un exemple. Une réplique du Gruppenführer Lammerding est parfaitement explicite : « La pédagogie de la terreur doit être maximale ». En revanche, la narration de Miniac, qui mélange les unités de lieux et de temps (flashbacks, souvenirs, scènes imprécises) sans transition et avec des protagonistes ressemblants, est aussi la moins fluide des trois ouvrages publiés sur le sujet. Il est conseillé de bien connaître en amont l’histoire de ce massacre (par la lecture de l’un des autres ouvrages, par exemple) pour pouvoir… le découvrir de nouveau. Un cahier final documentaire de 7 pages revient sur le contexte et les évènements.