L'histoire :
Dans un avenir proche, peut-être demain… Suite au « grand effondrement », l’électricité n’existe plus. Les humains ont été obligés de se réorganiser en fonction de cette nouvelle donne : on fait tirer les anciennes voitures par des vaches, les clés USB servent de décoration et en dehors des frontières d’une ville, on craint le saut dans le grand inconnu. Gaspard tient un des check-points qui sillonnent la ville de Périgueux. Ce jour-là, il est amené à contrôler Lucas, une vieille connaissance, photographe de profession. Lucas emmène Gaspard à son lieu de rendez-vous, au « Ministère du Passé », où il doit prendre en charge une mystérieuse mission. Après y avoir parcouru un dédale de couloirs dans le noir, avec une lampe à pétrole, ils rencontrent Francès, qui coordonne la section de collecte des informations pour réapprendre à vivre à la population. Ce dernier demande à Lucas et Gaspard de l’accompagner lors de son périple vers Bordeaux, en vélo et à pied, où doit se tenir une grande réunion de réorganisation. Lucas et son appreil photo, Gaspard et ses aptitudes pour le dessin, devront participer à la reconstitution documentaire du patrimoine de l’humanité, qui a disparu avec la disparition de l’informatique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Notre humanité part tellement à vau-l’eau qu’il peut être tentant de tout effacer, pour mieux tout recommencer… Chiche ? Tel est le postulat de départ de ce one-shot d’anticipation en BD qui, pour ce faire, importe d’entrée de jeu le contexte du roman Ravages de René Barjavel. Pour les néophytes, il s’agit d’une disparition de l’électricité à l’échelle de la planète, qui plonge l’humanité dans le chaos et l’oblige à la réorganisation. Aujourd’hui, cette idée sonne comme un espoir fou aux oreilles des objecteurs de croissance. Toutefois, vue la mentalité mondiale actuelle d’ultra-compétitivité économique, quel chef d’état serait assez fou et/ou précurseur pour l’imposer à son peuple ? Ici, Nicolas Lux (au scénario) et Monsieur Puzzle (aux dessins) confrontent cette idée à l’échelle de leur bonne ville de Périgueux. Avec le désir de refaire le monde (littéralement), leurs héros prennent la route de Bordeaux, redécouvrent la campagne, entre nostalgie des vieux flippers et les plaisirs simples et naturels. Ils réapprennent à cultiver, à troquer, à parler le patois occitan, bref, à occuper une place plus en phase avec la nature. Ces idées peuvent sembler un peu naïves… et la narration perd parfois son sujet dans des parenthèses digressives. L’ensemble a toutefois le mérite de reposer sur de bonnes intentions, d’embrasser le registre trop rare de l’essai sociétal et de ne pas être prosélyte. Monsieur Puzzle se montre lui aussi raccord avec le propos, livrant un dessin naïf rapidement jeté, tout simple et plein de crayon de couleurs…