L'histoire :
Dans la serre d'une station en orbite autour de la Terre, un cosmonaute se livre à une cruelle observation : il déverse dans une cuve d'eau contenant une bactérie végétarienne, d'autres bactéries carnivores. Il est interrompu dans son expérience par l'ordinateur de bord, Céphalée. L'IA l'avertit qu'un module spatial est en approche, contenant une seule personne à bord. Le cosmonaute est étonné – rien n'était prévu de la sorte – mais il effectue tout de même les procédures de raccordement. De sas en scaphandres, la passagère finit par arriver au sein de la station, dont elle connait les plans par coeur. Elle est borgne, possède des cheveux incroyablement longs et doit accomplir une mission secrète. Le cosmonaute accède donc à toutes ses demandes, jusqu'à ce qu'un phénomène incroyable se produise : la Terre disparaît... puis réapparait quelques minutes plus tard. Les analyses de Céphalées à ce sujet montrent des données incohérentes. Il semble qu'il y ait une faille dans le réel. Le cosmonaute et la fille envoient donc un drone à la surface de la Terre pour de plus amples analyses. Pendant ce temps, la bactérie végétarienne trouve le moyen de s'échapper par le filtre de sa cuve et se retrouve dans la canalisation centrale d'eau potable de la station. Elle profite d'une petite toilette du cosmonaute pour sortir et se laisser dériver en apesanteur, dans une bulle d'eau, à travers les couloirs de la station...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'instar de 2001 l'odyssée de l'espace, la science-fiction au coeur de cette Planète Impossible n'est qu'un prétexte et surtout un environnement propice à poser moult questions métaphysiques et existentielles. Comme par exemple : quelle origine et quelle finalité ont finalement la destinée humaine ? Plus à notre échelle cérébrale, se pourrait-il que le bonheur ne soit qu'une convention sociale ? Comment définir exactement notre marge de liberté ? Ou encore, chacun de nous dispose t-il réellement d'une identité propre ? Si vous aimez vous torturer les méninges, vous serez sans cesse sollicité par ce type de questions au gré des pérégrinations improbables, spatiales, kafkaïennes, ethnologiques, extra-terrestres, absurdes et philosophique vécues par un cosmonaute, une borgne à longs cheveux et une bactérie à évolution darwinienne ultra-rapide. Vus avec une lunette depuis notre plancher des vaches matérialiste, ces vastes sujets peuvent toutefois emprunter des voies un chouilla anarchiques. Accompagnée par un trait de dessin ultra-fin et éloigné des canons grand-public, pour ne pas dire austère, la narration paraîtra à certains décousue. Il n'est en effet pas évident de cerner immédiatement chacun des sujets de fonds suscitées par Joseph Callioni... et nul ne peut en certifier la direction générale. Néanmoins, si l'intention peut sembler hermétique et l'abord ardu, pour qui s'accroche un peu et apprécie la philosophie, le récit recèle des bijoux de réflexion... et parfois, grâce à de jouissifs touches d'ironie et d'idiotie pure, très drôle.