L'histoire :
La jungle, brumeuse et vallonnée, difficilement pénétrable pour l’homme. C’est là que vit et s’épanouit une famille de chimpanzés. Il y a de grands arbres, de l’eau où se baigner, des congénères... Maman chimpanzé apprend à son fiston à se déplacer, à prendre son autonomie. Mais un jour, elle tombe inanimée et lui se retrouve piégé dans un filet. Le voilà en cage, à côté d’étranges volatiles sauvages, en train d’être acheminé vers la civilisation humaine sur une pirogue. Durant sa captivité itinérante, il découvre la brûlure du feu, la foule des marchés… Enchaîné par un collier d’acier, il est malmené. Puis c’est un voyage en avion, puis à l’arrière d’un pick-up, de nouveau enfermé dans une cage. On l’amène dans une verrière plus grande, de la taille d’une maison. Des touristes se prennent en photo à l’extérieur. A l’intérieur, il y a d’autres congénères déguisés avec des vêtements humains. Il y a un chef aussi, auprès duquel il est fortement conseillé de faire immédiatement allégeance. Du moins, à en croire les canines qu’il exhibe, menaçant. Débute alors une période de captivité d’une tristesse infinie. Notre chimpanzé perd clairement sa joie de vivre. Au point que les gardiens du zoo se demandent comment le ragaillardir. Une migration insolite va jaillir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premiers pas fait partie de ces BD dont on comprend l’entièreté du scénario après un simple feuilletage d’une dizaine de secondes, en dépit de son épaisseur ! En fait, Victor Lejeune retrace ici une demi-biographie du « Chimpanzé 65 », rebaptisé Ham (pour Holloman Aerospace Medical), le premier chimpanzé à avoir été envoyé dans l’espace par la NASA, le 31 janvier 1961. L’avantage du choix animal, plutôt qu’humain, c’est que le chimpanzé était capable de répéter les tests logiques qu’on lui avait auparavant appris en laboratoire terrestre, mais depuis l’espace, sans représenter une tragédie en cas d’accident. Son succès l’a fait passer à la postérité. La BD se place quasiment du point de vue subjectif de Ham, elle se trouve donc dépourvu de tout dialogue. L’auteur rythme juste les différentes étapes de l’enfance camerounaise, puis de la captivité et enfin de l’expérience surréaliste vécue par le singe, par des titres de chapitres symboliques (Préhistoire, Antiquité, Moyen-âge…). Lejeune s’appuie sur un dessin très réaliste et très fin (comme souvent chez Atrabile), mis en scène au sein de grandes cases. Une BD plus intéressante pour l’exercice de style qu’elle représente que pour le fond du scénario…