L'histoire :
Tom dessine depuis qu’il est enfant. C’est comme ça qu’il arrête le temps et efface le monde autour de lui. À quarante ans passés, l’enfant dessine toujours et le monde a beaucoup changé. Malgré une vie plutôt confortable, le désenchantement l’habite. Un sentiment d’urgence face à cette Terre qui montre des signes de faiblesse, où les injustices galopent, où le nationalisme a conquis la première place dans son pays, où les votations à l’encontre des étrangers se multiplient… Devant cet état de fait, quelle attitude adopter ? Autour de lui, certains mutualisent leur désir de changement et entrent en résistance. Lui, il arrive juste à se poser quelques questions essentielles sur son propre fonctionnement. Pourquoi a t-il toujours préféré la soul au rock ? Pourquoi cette attirance pour les moments tristes et tragiques au cinéma ? Pourquoi n’a t-il jamais été copain avec les chiffres ? D’où vient sa fascination pour les plus minuscules signes du divin ? Pourquoi la vie telle qu’elle est ? Il est aujourd'hui la somme d’actions, d’émotions et de sentiments accumulés depuis le début, à Rome dans les années 60. Quand son père est sur le point de rencontrer sa mère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Wonderland, roman graphique introspectif de Tom Tirabosco (L’œil de la forêt, La fin du monde, Kongo…) est un petit trésor humaniste qui parle, au-delà de l’auteur lui-même, de chacun de nous. À l’image de nombreuses familles à travers le monde, celle de Tom est chamboulée par les coups du sort. Comme de nombreux artistes à travers le monde, il doit son processus de création à des influences dont le résultat n’appartient qu’à lui seul. Et quand il offre cet album autobiographique au lecteur, il lui offre en même temps un miroir de son âme. À de multiples égards, et ce malgré les apparences (un handicap physique par exemple), nous sommes tous égaux devant nos fragilités et nos forces. Après une période de maturation nécessaire et variable d’un individu à l’autre, vient le temps de choisir sa place et d’en assumer pleinement le choix. C’est un des messages que transmet Tom quand il raconte la vie de sa famille. Riche de mille façons, bienveillant et compréhensif avec « l’Humain », tout en n’omettant pas de dénoncer. Le crayonné gras qui raconte les images est en osmose avec l’histoire, comme fondu dans le papier, un peu comme gravé dans un marbre, de surcroît bien mis en page. Les quelques planches complètes sont très belles et la nature, en général, est réussie, n’en déplaise au noir et blanc. La belle présentation de l’ouvrage, avec sa couverture Lovecraftienne est à l’image de l’album : profond, enfantin et naturel.