L'histoire :
Edja nait sur Terre le 7ème jour du 8ème mois de l’an 8888. A quelques heures près, il était l’élu, celui qui aurait apporté la prospérité et aurait ramené les éléphants géants auprès des humains. Au lieu de ça, il était maudit : il avait loupé l’heure H et sa mère était morte en couche. Triste et humilié, son père profita d’un moment de solitude pour échanger son fils avec le bébé né pile à l’heure prévue. Lui seul saurait l’ironie de la situation, ad vitam. Quelques années plus tard, Aégis, le directeur général de la Company X, quitte sa puissante et géante station orbitale pour rejoindre la surface de la planète C2, qui en est à un stade de développement médiéval. Il a rendez-vous avec le Roi Osorôt, avec lequel il a dealé une protection, contre la construction d’un four géant. Aégis est accompagné par deux gardes du corps aussi efficaces que muets. Izaar est un colosse en permanence traversé par mille pensées ; et Edja, malgré sa muselière greffée sur le bas du visage, est d’une incroyable agilité. Lors de leur entrevue, Aégis refuse la requête du roi, concernant de nouvelles armes modernes à son armée. Il ne faudrait pas trop perturber la croissance naturelle de leur civilisation. Osorot invite néanmoins Aégis à l’inauguration du four, le lendemain, en marge duquel sera organisé un grand tournoi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré son statut de one-shot, Companys présente un univers de science-fiction diablement ambitieux. Le contexte est très éloigné de notre époque dans le futur : en l’an 8888, les humains n’appartiennent plus à des nations, mais à des « compagnys » rivales et belliqueuses, qui guerroient par procuration à travers l’armement qu’elles procurent à des peuples moins développés. Malheureusement, le scénariste Nicolas Lebra greffe là-dessus une histoire d’élu toute droit tombée de l’heroïc-fantasy la plus convenue. Surtout, les deux axes narratifs cohabitent mal dans leurs rythmes et empiètent l’un l’autre dans leurs développements… rendant le tout un brin confus. En clair, on s’y perd sévère dans la cohérence d’un univers qui semblait pourtant prometteur. C’est super dommage, car le dessinateur Mankho montre lui aussi de fort belles dispositions artistiques à travers son dessin encré précis et maîtrisé. Ses paysages médiévaux sont aussi convaincants que ses scènes de combats spatiaux, avec force vaisseaux, tirs lasers et explosions. Mais là aussi, l’irrégularité des traitements graphiques (oscillant entre le réalisme, le comic stylisé, la SF moebiusienne…) se dispute parfois à un rythme séquentiel difficile à suivre… et une colorisation déroutante en aplats. Beaucoup de talents de part et d’autre auraient gagné à être disciplinés par quelques recadrages éditoriaux, afin de véhiculer la richesse du récit via un souffle épique et héroïque à la portée du plus grand nombre de lecteurs. Mais c'est aussi le principe d'Atypique que de vouloir choquer, déstabiliser, ne pas prendre le lecteur par la main.