L'histoire :
La journée de Jonathan Lassiter se termine mal. Le jeune agent d'assurances n'a pas réussi à conclure un contrat au téléphone, il s'est laissé attendrir par sa cliente potentielle, il est encore la risée de ses collègues de bureau. Il n'aura pas le temps de s'en plaindre, puisque la secrétaire de direction lui apporte sa lettre de licenciement, avec effet immédiat... en même temps que sa petite amie l'appelle pour lui dire qu'elle le quitte. Il est accompagné à la porte sans ménagement et s'abrite de la pluie dans un bar. Il commande un double whisky. Son voisin de comptoir l'aborde. Il s'appelle Edward, est habillé d'un costume très chic. Ils montent ensemble dans sa voiture et poursuivent leur conversation. L'homme visiblement très riche roule en Cadillac et les emmène dans le bar d'un luxueux hôtel où visiblement tout le monde le connait. Arès quelques verres, Jonathan accepte de le suivre dans une sorte de road trip où ils seront suivis à distance par un sergent de la police qui n'a pas l'autorisation d'arrêter Edward mais semble en avoir toutes les raisons. Le richissime et mystérieux inconnu va découvrir que Jonathan n'est pas aussi gentil qu'il en a l'air, tandis qu'il lui donne petit à petit des indices sur ce qui ressemble à une fuite. Mais jusqu'où ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur une bonne centaine de pages, Eric Stalner s'amuse avec une balade en voiture dans le Nebraska des années soixante, et deux personnages antinomiques et complémentaires. Cette sorte de course poursuite dévoile petit à petit ses ressorts, tandis que Jonathan devient heure après heure un homme différent. Comme le titre de l'album l'indique, l'histoire tient en moins d'une journée, ponctuée de rencontres, de lieux changeants mais toujours fréquentés par une sorte de caste de gens aussi fortunés que douteux. Le récit assume un côté polar noir, mais sur un ton toujours léger et décalé. On se demande d'ailleurs pendant tout l'album si le sergent Bill sait faire autre chose que des siestes. Les révélations qui parsèment la seconde moitié de l'histoire auront finalement assez peu d'impact, tant le ton prend le dessus sur le fond. L'auteur déploie comme toujours son talent de dessinateur, son trait est d'une grande précision, il se lance à lui-même des défis techniques avec de nombreux bâtiments magnifiques et des voitures d'époque. Les couleurs choisies sont un autre défi remarquable, une palette de gris réhaussée de petites touches de couleurs uniquement pour refléter les éclairages. Les phares de voiture, les appliques dans des pièces richement meublées, une cigarette qu'on allume. Les fans de Stalner, prolifique auteur de récits en tous genres depuis quelques décennies, souvent mais pas toujours avec son frère Jean-Marc, s'y retrouveront.
