L'histoire :
Monique est une jeune femme âgée d'à peine 19 ans lorsqu'elle découvre Paris, durant l'occupation allemande de la Seconde guerre mondiale. Malgré le contexte assez violent, la demoiselle berce dans l'insouciance de sa jeunesse et se nourrit de la douce euphorie d'une existence secrète durant laquelle elle va réaliser des rencontres qui vont bouleverser sa vie quotidienne. Il y aura Gin, ce pianiste juif, noir et homosexuel, pour lequel elle développera une amitié et une admiration sans faille. Il y aura aussi Robert, ce soldat américain dont elle tombera plus amoureuse que de Francis qu'elle épousera plus par dépit et à qui elle offrira une fille, Nicole. Mais Monique ne se destinait pas à une existence aussi stéréotypée et aussi rangée. Et pour retrouver goût à sa liberté, elle abandonnera cette fille pour laquelle elle ne parviendra pas à jouer son rôle de mère comme elle l'aurait souhaité, pour essayer de vivre la vie à laquelle elle aspire depuis longtemps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous ses faux airs de « Jeanne » (celle de Gibrat), Monique laisse apercevoir une personnalité fragile. Au travers d'une insouciance juvénile, la femme va laisser libre cours à ses amours du moment. Ses sentiments vont laisser apparaître une femme complexe, en quête d'identité sociale. Un univers où l'amour et l'amitié se confondent, s'associent et se dissocient. Il s'agit, en fait, de l'histoire quelque peu romancée de la mère de Stephen Desberg, le scénariste de l'histoire. L'auteur dépeint le parcours affectif de sa mère avec beaucoup de pudeur et de bienveillance, même si certains de ses agissements laissent parfois pantois. Comment une mère peut-elle « abandonner » son enfant pour goûter à sa liberté et aux amours qu'elle s'était jusqu'alors interdits ? C'est autour de cette question poignante, bouleversante, que les auteurs vont construire leur récit dans une France occupée. A défaut d'être très réaliste, le dessin d'Emilio Van der Zuyden laisse transpirer les sentiments fustigés de chaque acteur de cette pièce qui se construit en plusieurs actes. La colorisation est sombre et traduit à la perfection l'ambiance pesante qui régnait dans la capitale française à cette époque trouble de l'Histoire. Dans le labyrinthe des sentiments de Monique, le lecteur a parfois du mal à suivre sa trajectoire, tant Monique demeure imprévisible mais tellement fragile et sensible. Impossible de finir cet ouvrage poignant et bouleversant sans s'interroger. L'histoire, même si elle a été quelque peu romancée, vaut la peine d'être contée et surtout lue.