L'histoire :
Au Bigbol Stadium, c’est le combat du siècle. Au beau milieu d’une salle vide de spectateurs, un ring accueille deux combattants aux physiques disparates. Dans le coin gauche, l’impitoyable Joe Kansser, surnommé « Le concasseur de cellules » : 2 milliards 647 millions 683 mille combats, 2 milliards 143 millions 105 mille victoires par K-O mortel. C’est un combattant impressionnant avec ses tatouages tribaux, une tignasse sauvage et un regard de tueur. Dans le coin opposé, Zita Sayyah (alias Boule à zéro), avec son physique frêle a un palmarès beaucoup plus modeste : 1 combat, 1 match nul à ce stade. Kansser râle d’être à nouveau opposé à un enfant : pour lui ce n’est pas un adversaire de taille. Les enfants, à la différence des adultes, ne savent pas ce qu’ils ont à perdre dans l’aventure. Se battre contre la maladie est une espèce de jeu. Des gabarits comme Zita, la maladie en a déjà balayé tellement. La dure à cuire de la chambre 612 de l’hôpital Le Goff ne compte pas baisser les bras : cela fait 9 ans qu’elle tient tête toute seule à Kansser. Au premier coup de poing de son adversaire, Zita se réveille, c’était un mauvais rêve. Elle est toujours sous perfusion… un livreur pénètre dans sa chambre pour lui apporter un énorme colis.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs de Boule à zéro ont eu l’idée originale et audacieuse de choisir pour héros de leur série des enfants hospitalisés en long séjour pour des pathologies lourdes. Malgré le spectre de la mort qui rôde en permanence, cette bande de gamins a su conserver son esprit taquin. Dans ce nouvel épisode, le club des crocodiles (c’est ainsi que se surnomme la bande de copains) va offrir au personnel soignant des déguisements grotesques. Ce moment de rigolade est beaucoup plus réjouissant que celui du couple de clowns à l’humour ressassé. Alors que les précédents opus avaient un fil conducteur en abordant un thème particulier (la séparation des enfants hospitalisés de leur famille, soins pour des enfants réfugiés, la mort d’un enfant malade, etc.), l’intrigue de cet épisode tarde un peu à se mettre en place. Il faut attendre la seconde moitié de l’album et la venue du père de Zita pour que l’histoire prenne enfin un tournant plus dynamique. Le personnage de Zita est attachant car cette adolescente au caractère endurci est capable de nous faire passer des rires aux larmes. Zidrou joue sur la corde sensible des enfants malades mais sans être dans le misérabilisme ni la plainte larmoyante : malgré des coups de blues passagers, ses personnages sont souvent très combatifs et sont solidaires dans l’adversité. Zidrou souligne également le caractère cosmopolite du monde hospitalier en passant du médecin à la femme de ménage, ainsi que chez les patients. Ernst et son dessin gros nez rend cet univers hospitalier moins austère et donne aux personnages une joie de vivre communicative.