L'histoire :
Zita Sayyah, jeune fille d’origine marocaine, souffre d’une sorte de leucémie. Elle est pensionnaire depuis maintenant neuf ans de la chambre 612 de l’hôpital Le Goff, aussi nommé La Gaufre. Elle doit son surnom de « Boule à zéro » de sa maladie et de tous ses traitements qui rendent ses cheveux éparses. Alors, elle préfère encore se raser la tête. Ce qui fait qu’on la prend souvent pour un garçon, ce qu’elle déteste par dessus tout. Espiègle et malicieuse, elle n’a pas oublié de trouver à chacun, malades comme personnels soignants, un petit surnom que tous ont adopté. Son quotidien est celui des enfants gravement malades, les quatre murs de sa chambre, les séances d’analyses et de tests, les aides-soignants (pas toujours sympa), les infirmières et infirmiers compréhensifs et faisant preuve d’empathie. Mais Zita aime les bêtises et sa bonne humeur anime le sixième étage de La Gaufre. Surtout que Boule à zéro s’est mise en tête, à l’occasion de son treizième anniversaire, d’organiser une petite fête et d’inviter toutes les personnes qui partagent sa vie, celles de l’hôpital. Mais Zita, sous ses airs enjoués et durs, a un secret : elle n’a plus de nouvelles de sa mère depuis longtemps. Celle-ci se sentirait coupable du fait qu’Allah l’ait punie en rendant sa fille malade… Or à chaque fois que ce manque d’amour se fait trop important, Zita sombre dans les malaises. Elle espère que cette fois sa mère viendra et que son cœur ne connaîtra plus de panne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au premier abord, le sujet a de quoi rebuter. Hormis une certaine série humoristique, le monde de l’hôpital ne se prête guère au genre du septième art, encore moins celui des enfants malades hospitalisés. C’est pourtant le choix qu’ont fait Zidrou et Ernst, avec humour et tendresse, subtilité mais aussi cynisme. Les dialogues de la jeune fille avec Madame ou Monsieur La Mort peuvent laisser perplexe et invitent à la réflexion. De même que les scènes de panne de cœur, tout en nous attendrissant. Le grand intérêt de cet album est d’avoir osé aborder un sujet grave et difficile, avec sensibilité et justesse. Du coup, on se questionnera de savoir s’il s’adresse aux enfants ou à leurs parents ? L’humour développé par ces deux spécialistes de l'humanisme bédessiné est parfois acide et acerbe, le personnage principal pouvant se permettre de n’adopter aucune langue de bois et une sincérité à toute épreuve. Ce premier opus ne laisse pas indifférent, loin de là, et présente ce qu’est la vie et ses moments (très) difficiles, avec comme exutoire le rire. N’est-ce pas quand la situation est désespérée que le rire est nécessaire et indispensable ? Et les pannes de cœur de Zita trouveront un épilogue heureux, en laissant apparaître que les apparences sont souvent trompeuses…