L'histoire :
Dans un futur proche arrogant et particulièrement dévergondé, Lucas, 22 ans, est un gosse de riche. Il habite seul dans une somptueuse villa avec piscine, située sur les hauteurs de Los Angeles. Il se lève le matin pour picoler, se goinfrer de drogues et comater au soleil, jusqu’au soir, sans se rendre compte du temps qui passe. Ses études ? Oui, peut-être, on verra… Ce n’est pas une priorité. Ce qui importe vraiment, c’est de s’éclater. Lucas méprise en outre les coups de fil de son père, qui lui assure pourtant ce train de vie. Ce dernier est cadre supérieur à NeedTM, la toute-puissante firme de biotechnologie à l’origine d’un « sport » ludique qui cartonne : les voyages spirituels. Le principe de cette pratique est excitant pour les riches et ignoble pour les pauvres : sous l’emprise d’une drogue, les utilisateurs font migrer leur conscience dans la tête d’un « hôte », qui a une plaque greffée sur la nuque pour cela. Evidemment, ces hôtes acceptent contre rémunération, car ils sont issus des basses « castes » sociales, résidant dans la vieille ville de Los Angeles. L’espace de quelques heures, les riches louent ainsi le corps bien réel d’un pauvre, pour se livrer à tous les excès, à toutes les poussées d’adrénaline, sans en subir les conséquences. Pour Lucas, la virée se fera ce soir en compagnie de son pote Nath, de sa copine Jenny dont il est très amoureux, et de deux autres filles aux pratiques extrêmes, Istelle et Sania…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans sa trilogie Welcome to hope, Damien Marie nous avait déjà baladés à travers un univers particulièrement glauque. Avec ce nouveau diptyque d’anticipation, il pousse cette fois le sordide encore plus loin, ce qui était loin d’être évident ! Le cadre est celui d’un avenir proche, alors qu’une humanité nantie et décadente n’a aucune limite dans ses plaisirs ludiques. Notamment, une pratique en vogue, absolument odieuse, a cours en Californie : le voyage spirituel. Pour rappel (voir résumé), les gosses de la jet-set blasés des substances euphorisantes classiques, peuvent louer psychiquement le corps des pauvres, sans subir les conséquences des excès qu’ils commettent au sein de ces « hôtes » des ghettos. Grâce aux pensées en voix-off du héros (un mode de narration déjà éprouvé dans Welcome to hope), on est progressivement confrontés à ce concept astucieux et original. L’intrigue est mise en relief par Sébastien Goethals, un dessinateur trop longtemps absent de la scène bédéphile franco-belge. L’auteur du premier tome d’Angéline (il y a 5 ans !) livre un dessin réaliste impeccablement cadré et proportionné. La dérive éthique des biotechnologies, leurs interactions sur le psychisme humain et les détournements de personnalités, rappelleront à beaucoup l’excellent Strange Days (le film de Kathryn Bigelow, scénarisé par James Cameron). Durant la grande majorité de l’album, cette débauche luxueuse nous accompagne, nous répugne et sombre crescendo dans l’abomination… Jusqu’au cliffhanger surprise, génial et particulièrement alléchant. En effet, alors qu’on était déjà pas mal accroché, on comprend à la toute dernière planche, qu’en fait, l’intrigue va pouvoir commencer… L’attente ne sera pas trop cruelle, étant donné que la suite est déjà annoncée pour le mois prochain.