L'histoire :
Un beau jour, la chèvre noire de monsieur Seguin a l’idée saugrenue de mordiller la corde qui la retient à son piquet. Aussitôt, elle gambade en dehors de son enclos, jusque dans les montagnes proches… où elle se fait dévorer par le loup. Monsieur Seguin entend son dernier bêlement depuis son lit. Il accourt dans son jardin, découvre la corde coupée et il comprend avec tristesse ce qu’il s’est passé. Dans les jours qui suivent, le vieil homme s’en va donc au marché racheter une nouvelle biquette. Une jeune et blanche, toute mignonne. Il l’attache au piquet et s’y attache énormément : elle lui donne du bon lait. Les jours passent et la chèvre s’ennuie à mourir : elle est contrainte de brouter dans toujours la même pâture restreinte, alors de belles montagnes l’attirent à l’horizon… où elle pourrait certainement rencontrer de vaillants bouquetins ! Elle fait comprendre à son maître qu’elle veut aller gambader dans la montagne. Mais Monsieur Seguin n’est pas fou : il lui explique les dangers et tente de la persuader de lui allonger la corde, de lui donner un autre foin… Mais la biquette est tellement obsédée par l’envie de partir qu’elle fait la grève du lait. Alors Monsieur Seguin se fâche et l’enferme dans une pièce. Sans prendre garde que la fenêtre est basse et grande ouverte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le célèbre conte de la Chèvre de Monsieur Seguin est le second album à bénéficier du changement de format de la collection Pouss’ de Bamboo, en parallèle du Bonhomme en pain d’épice. Hormis une couverture cartonnée et une taille plus conforme à l’idée qu’on peut se faire d’une (première) BD, rien ne change sur le concept : le conte est raconté en BD de manière uniquement visuelle, sans le moindre phylactère, pour se mettre à la portée des tout-petits (à partir de 3 ans). L’histoire en elle-même est bien connue : un vieil homme s’acharne à posséder des chèvres, solitaires, dans un coin isolé des alpages, en dépit de la présence alentour d’un loup gourmand, qui se les boulotte les unes après les autres. La morale est certes un brin paternaliste (« mais tu vas écouter les bons conseils de ton père, nomdidjiou !!? », mais elle n’est évidemment pas dénuée de bon sens. Une seconde valeur est également prônée, celle du courage de combattre tout en sachant sa fin inéluctable. Richard Di Martino, qui en est déjà à son 4ème Pouss’ de Bamboo, illustre le conte avec douceur, attribuant à la chèvre une expression faciale quelque peu idiote (faut dire…), ce qui joue admirablement sur l’attachement futile qu’on lui porte. La séquence finale est elle aussi subtilement gérée, de manière cinématographique, afin de susciter les premiers frissons aux bambins… sans les choquer. Comme d’habitude, l’ouvrage se termine par un cours de dessin et l’histoire racontée par écrit par Hélène Beney (pour pouvoir être lue par les parents sadiques, les soirs de tempête…).