L'histoire :
En 221 avant notre ère, le tyrannique Qin-Shi-Huangdi annexe nombre de contrées voisines à la sienne et se proclame empereur d’un vaste territoire, que l’on appellera plus tard « Chine ». Il en profite pour mettre ses opposant aux travaux forcés (pour la construction de la célèbre muraille) et ferme toutes les écoles. Notamment, les écoles d’arts martiaux, sans doute pour empêcher que ne se forment des combattants susceptibles de combattre un jour ses armées. Deux amis apprentis en arts martiaux, nommés Sagesse éternelle et Muscle flamboyant, se retrouvent donc sans activité, à errer dans la nature comme des âmes en peine. Ils croisent alors deux érudits porteurs de « livres » (à l’époque, des bambous avec des idéogrammes), qui fuient des soldats. L’empereur se méfie en effet des intellectuels et de toute transmission de savoir. Forts de leur maîtrise du combat, les deux jeunes interviennent et n’ont aucun mal à ridiculiser les soldats. Séduits par ces aptitudes, les lettrés demandent alors à Sagesse éternelle et à Muscle flamboyant de mettre les précieux ouvrages à l’abri de la destruction. Les deux amis partent alors sur les chemins de Chine, à la recherche de la meilleure planque possible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour bien commencer l’année, voici donc la réédition d'une histoire de bambous éditée par Bamboo (désolé... on n’a pas résisté). Frédric Vervisch, auteur complet du polar noir Assassination et du western Plus jamais ça, change donc à nouveau de registre, cette fois uniquement au dessin. Sous ses crayons, la Chine ancestrale et ses merveilleux paysages sont assez convaincants, ce qui est moins le cas concernant les faciès et certains détails des personnages. Nos deux jeunes héros apprentis en arts martiaux évoluent dans un univers proche des « récits de sabre », bien qu’aucune manifestation fantastique n’intervienne véritablement dans ce premier tome. Tout juste les combats virevoltants sont-ils chorégraphiés à grand renfort de ligne de fuite, sur fond de forêt de bambous. Il s’agit donc plus d’une aventure historique (le contexte est authentique), sur laquelle vient se greffer de grosses doses d’humour, que d’une énième allégorie cino-onirique. Les ressorts comiques et burlesques sont d’ailleurs franchement bidonnants, le scénariste n’hésitant pas à placer une verve contemporaine volontairement anachronique dans les répliques de ses personnages. C’est relativement logique, étant donné que le scénario est assuré par Bertrand Escaich, habituellement adepte du gag en une planche. Il signe en effet de nombreux albums humoristiques sous le pseudonyme de Béka (Les rugbymen, les fonctionnaires, les footmaniacs). On croise ainsi une joute de proverbes chinois débiles à souhait, ou un ermite adepte du renoncement qui s’embrouille joyeusement dans son idéologie… Ce premier tome s’avère donc une réelle bonne surprise, à la fois à être poétique, didactique, divertissant et foncièrement drôle ! Bonne nouvelle : la réédition du second opus, également en one-shot (chaque tome de la série peut se lire indépendamment), ne devrait pas tarder à suivre…