L'histoire :
Dans un rouleau papyrus haut-perché sur une étagère de la bibliothèque d’Alexandrie, la toute jeune Cléopâtre vient de trouver ce qu’elle cherchait : la signification de son prénom ! Cléopâtre, veut en effet dire « la gloire de son père ». Toute fière, elle court dans le palais pour l’annoncer précisément à son père, le pharaon. Elle découvre celui-ci affalé sur un divan, en pleine orgie de bouffe et de vin… Pour la gloire, elle repassera.
Un grand cérémonial se met en place au sein du palais de pharaon : les tambours résonnent, les joueuses de lyre s’avancent, des danseuses jouent avec les volutes d’encens, toute une garnison défile… Un copain de Cléopâtre demande à la gamine pourquoi cette emphase. Cléopâtre lui répond que c’est juste pour apporter le pot de chambre de son petit frère…
Bérénice, la grande et ambitieuse sœur de Cléopâtre, prend des postures prétentieuses sur un tabouret. Devant elle, des courtisans se pâment : quelle beauté ! Des courbes de rêve ! Un chef d’œuvre ! La fierté d’Alexandrie ! Bérénice est aux anges. Elle ignore alors que son public parle en réalité du phare qui se trouve derrière elle, de l’autre côté du balcon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis quelques mois, Bamboo a fait sa spécialité des bandes dessinées à la fois humoristiques et didactiques. Les insectes, les animaux marins, le vin, la mythologie grecque, le code de la route sont ainsi décryptés sous un angle comique, afin que leurs composantes culturelles soient transmis avec onctuosité aux lecteurs. Cette intention éditoriale est fort louable. Comme sa couverture et son titre n’en font pas mystère, c’est toute l’enfance de Cléopâtre qui sera ici abordée et, par extension, la culture, les rites et les croyances égyptiennes, à l’époque des pharaons. Des orgies royales à la société esclavagiste, du sphinx (encore debout malgré son âge !) au célèbre phare d’Alexandrie (une des 7 merveilles, aujourd’hui disparu), de l’écriture hiéroglyphique à la représentation de l’art antique, de l’ubiquité des dieux en toutes choses à l’importance des dons de divination… Les co-scénaristes Hélène Beney et Christophe Cazenove délivrent ainsi moult informations, véritablement. Et les lecteurs qui se découvriront emballés par cette époque pourront compléter un tantinet leur culture avec le dossier annexe de 6 pages. Un seul bémol subsiste : l’écueil classique de l’humour Bamboo est aussi de rigueur : des « gags » trop souvent convenus, téléphonés ou plats. Espiègle et vertueuse, la future plus grande reine d’Egypte incarne néanmoins le rôle-titre avec pas mal d’empathie. De quoi ravir les jeunes lecteurs, surtout que le dessin de Richard Di Martino emprunte une veine graphique humoristique agréable, lisible et maîtrisée.