L'histoire :
Lors d'une Première du film dans lequel il incarne Robert Johnson, Laup Grangé est présenté au professeur Gordon Kyle Moore, un grand spécialiste de l'histoire du blues. Ce dernier refuse d'engager la conversation et quitte la salle de cinéma sans un mot. Dans le planning de Laup, il faut enchainer les projections et il doit rejoindre son attachée de presse pour la séance du lendemain, à Memphis. Mais il disparaît pour se rendre à l'université où le professeur enseigne. Il devient son chauffeur de remplacement par le plus grand des hasards. Il voudrait parler avec lui du bluesman de légende dont il a joué le rôle au cinéma, mais les choses ne se passent pas comme prévu. Il fait la rencontre d'une vieille dame qui est l'assistance de Moore, de la très séduisante Willie Mae, serveuse dans un bar du coin. Ils vont se retrouver à trois dans la voiture, et le voyage va commencer pour le jeune homme passionné de musique, sur la trace des grands pionniers du genre. Sous la direction autoritaire mais passionnée de Gordon Moore, qui cherche à mettre la main sur un stock de vieux vinyles appartenant à un homme en fauteuil roulant, posté sur le perron de sa maison avec un fusil dans les mains. Et avec une pause au Delta Blues Café et sa très jolie serveuse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un petit road trip autour de la musique blues, sur les terres où ont vécu les plus grands musiciens des premières années du genre. Robert Johnson est au cœur du récit, le premier grand bluesman mort en 1938 à seulement 27 ans (comme après lui Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison, Kurt Cobain ou Amy Winehouse). Au fil de l'album, on passe en revue des histoires d'artistes méconnus du grand public, mais dont les morceaux ont marqué la musique et influencé leurs successeurs. Philippe Charlot a concocté un scénario de passionné, à hauteur d'hommes. Il s'amuse de ses personnages très typés et touchants. Il leur fait vivre des moments d'émotion artistique ou amoureuse. Les dessins de Miras sont souvent beaux et léchés, mis en valeur par des couleurs généreuses. Le dessinateur change volontiers de style d'un album à l'autre. Le découpage du récit montre la volonté de mettre en mouvement des plans intermédiaires, que d'autres laisseraient entre les cases sous forme d'ellipses. Parfois, il tente des séquences ultra mises en scène, au risque d'une certaine confusion dans les enchainements. Comme un solo de guitare improvisé qui se rattrape aux branches et repart comme si de rien n'était. Un album sympathique qui suscite la curiosité, dont celle d'aller écouter le très fondamental Love in Vain, un morceau d'émotion blues en guitare voix enregistré en 1937.