L'histoire :
Réveil très difficile pour Mathias, toujours reclus dans son campement de fortune en plein milieu de la nature. Les évènements de la veille lui reviennent petit à petit. Sa tentative de fuite de ce stage de dingues, ses quelques verres au bar dans la pampa en compagnie d’Adèle, le retour à bord de la voiturette du golf du psy qui git sur le flanc à coté de sa tente et la fumette à base de chanvre « médicinal » pour gagner en relaxation. D’où son mal de crane abominable et le rêve de son enfance durant la nuit. Il manque pourtant un détail au tableau figé devant ses yeux lourds : où est cet olibrius de psy ? Il ne fallait pas attendre plus longtemps pour que la tête du praticien dépasse de sa tente. Ni une ni deux, Mathias lui explique sa façon de penser et l’aide à remettre sa voiture sur ses roues pour se débarrasser de lui. Une fois seul, Mathias reprend le rythme du stage et absorbe sa dose quotidienne de romarin. Perché dans les hauteurs, la vue est splendide. Surpris par une légère brise fraîche, il se surprend à apprécier ce courant d’air jusqu’à ôter sa chemise pour profiter pleinement du moment. Puis il se laisse tomber dans les hautes herbes. C’est le moment choisi par son corps pour se rappeler à son bon souvenir. Ses vertèbres font bloc et se verrouillent à double tour sous le cocktail. Relâchement musculaire, mauvaise position dans l’herbe et petite brise fraiche matinale. Il est bloqué, là au milieu de nulle part, il crie à s’époumoner, mais à part le tintement des cloches de chèvres à la pâture, personne ne peut l’entendre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouvel et dernier opus de la série Détox de Jim et Antonin Gallo pose un regard juste et empli de bonne humeur sur le rythme de nos vies. Les auteurs font passer leur charismatique et ronchon personnage principal dans les 5 phases du deuil. Mathias vit à toute allure en brulant la chandelle par les deux bouts. Il traverse une situation de couple difficile et se raccroche à son travail. Pour lui, ce stage Détox ne peut que lui faire du bien et pourquoi pas lui permettre de se sevrer de son travail. Force est de constater que son stage n’est pas sans heurt, puisqu’il est à deux doigts de craquer au bout de trois jours d’inactivité. Les auteurs livrent une peinture touchante et très réaliste de notre société. Sans vouloir dénoncer quoi que ce soit, ils font un constat d’une part active de la population qui vit à un rythme effréné. Tiraillé entre la famille et le travail, il ne reste que peu de temps pour se ressourcer et croquer dans cette vie que l’on nous promet depuis longtemps. Dans une société ultra connectée, nous ne savons plus nous ennuyer ou du moins égrainer le temps sans rien faire. La moindre petite seconde de latence dans notre vie est comblée par une pression sur notre smartphone. On ne compte plus le nombre de mises à jour des pages de nos réseaux sociaux pour être sûrs de ne pas louper le coup de gueule de Christine sur les horaires de la crèche de son quartier ou encore la dernière théorie complotiste de Patrick sur les masques chirurgicaux sans parler des remarques politiques ultra radicales d’une connaissance qui, s’il continue sur sa lancée, va rejoindre le banc des personnes supprimées. Au niveau du dessin, le trait réaliste est superbe. Jim est aux commandes des personnages alors qu’Antonin Gallo excelle dans les décors et les mises au gris. Une nouvelle fois, comme pour l’opus précédent, l’album est superbe autant au niveau du scénario que du dessin. Laissez vous le temps d’apprécier ce moment de lecture avec pourquoi par un petit élixire de romarin afin de vous poser les bonnes questions sur votre rythme de vie.