L'histoire :
L’agent Rainbird de l’Interservice américain (organisme d’état réunissant les agences gouvernementales NSA, CIA et FBI) poursuit son enquête sur les exactions d’un mystérieux groupe terroriste. Sans revendication précise, poursuivant un objectif mystérieux, ces derniers ont déjà sacrifié nombre des leurs pour installer un virus informatique antique sur le réseau mondial… mais n’ont fait aucune victime côté américain ! Ces drôles de « terroristes » se sont servis pour ce faire des recherches informatiques d’un vieux savant post-soviétique, Goran Tesherad, après avoir enlevé sa fille Oxanna. Retenue dans un village perdu dans les montagnes ouzbèques, celle-ci a été initiée au plus incroyable des desseins : les conspirateurs sont issus d’une évolution de l’homme qui vise à supplanter, à terme, l’homo-sapiens-sapiens. Plus intelligents, capables de télékinésie, de télépathie ou d’autosuggestion, ils préfèrent infiltrer en douceur notre espèce, plutôt que de se lancer dans une guerre meurtrière et perdue d’avance. Et pour cela, il leur faut prioritairement pouvoir trafiquer le fichier des fichiers… Tandis que Tesherad et les « inhumains » se préparent donc à une attaque suicide sur le serveur central du Pentagone, l’agent Scott en mission en Ouzbekistan, réussit à exfiltrer Oxanna lors d’une opération commando facile… trop facile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième et dernier volet a le mérite de délivrer un brin de cohérence et de relancer l’intérêt d’une trilogie particulièrement tarabiscotée depuis ses débuts. Au scénario et aux dessins, Thibaud de Rochebrune mène en effet son histoire d’espionnage et d’anticipation à son terme, éclaircissant au passage les desseins de l’« homo filli » (le titre est enfin explicité). Sans doute aurait-il mieux valu étoffer la psychologie des personnages, de les rendre plus attachants ou au contraire ambivalents, plutôt que d’alourdir un sujet initialement intéressant avec des détours d’espionnage complexes et paradoxalement standards (Pasztor et Nierevic) pour finalement en arriver là. De même, la logique de l’attaque du Pentagone, sur laquelle focalise ce dernier épisode, ne trouve pas sa pertinence et sert essentiellement de prétexte à un final spectaculaire. Plus globalement, on ressent surtout une profonde frustration de ne pas assister aux développements des aspects scientifiques (qui ne serait pas intrigué par la probabilité d’une nouvelle évolution de l’espèce humaine ?) ou spectaculaires de la chose (on a juste droit à une petite invisibilité autosuggérée au début, puis une balle arrêtée en plein vol à la fin). Enfin, au dessin, de Rochebrune maîtrise certes la répartition des masses, les cadrages et le découpage, mais il n’en va pas de même pour les détails et la finition de ses encrages réalistes, très irréguliers. Peut-être devrait-il s’essayer à d’autres credo graphiques, sur des styles plus jetés, spontanés et/ou « nouvelle BD » ?