L'histoire :
César, enfant sicaire d’un quartier pauvre colombien, a des principes. Il exécute toujours ses contrats d’une unique balle dans le crane, mais jamais devant un enfant. Ce scrupule lui vaut aujourd’hui la disgrâce de son ex-commanditaire, qui en a fait sa cible numéro un. La providence met alors dans son champ de vision un autre adolescent, Fernando, issu d’une famille riche, qui lui ressemble trait pour trait. Il s’arrange alors, sous prétexte de kidnapping pour prendre son identité et faire buter Fernando à sa place. Cependant, Fernando ne meurt pas… la balle est extraite de son ventre avec les moyens du bord, par le père de César, médecin camé au dernier degré, persuadé de soigner son fils. De son côté, César connait quelques soucis à l’école et se fait choper en train de fumer… mais il en profite pour épier les discussions de son « père » de substitution. Il comprend alors que pour les besoins de ses expériences, ce dernier s’adonne à un immonde trafique d’organes, notamment en faisant enlever des gamins des quartiers pauvres. Chacun de leur côté, Fernando et César se mettent à comprendre que leur étrange ressemblance n’est sans doute pas le fruit du hasard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir bouclé le premier diptyque L’envolée sauvage très remarqué (car remarquable), le scénariste Laurent Galandon met à présent terme à un second « two-shot » plutôt bien huilé. Il s’agit cette fois d’un « thriller », qui plonge à nouveau le monde de l’enfance dans un traumatisme poignant. Le tome 1 nous immergeait à la lisière de la BD Cuervos (les enfants sicaires dans les favelas de Medellin) et du film La vie est un long fleuve tranquille (l’inversion des enfants au berceau). Dans ce tome 2, Galandon pousse d’un cran l’ignominie, en abordant le sujet du trafic d’organes. La pratique est hélas authentique : dans certaines régions pauvres d’Amérique latine ou du tiers monde, des organisations mafieuses sans scrupules enlèvent des enfants pour leur prélever des organes, qu’ils réimplantent à de riches demandeurs (apparemment, ce système se reproduit actuellement dans les couloirs de la mort chinois). Galandon préfère néanmoins modérer la réalité lucrative de cet abject business, en parlant ici d’expériences et de recherches, pour soi-disant minimiser les rejets des transplantations. Vous trouvez dommage que ce sujet grave soit traité sous un prisme aussi « adouci » ? Pas vraiment : on est avant tout ici dans un thriller, un divertissement en cinémascope, et non une chronique sociale engagée, sordide et réaliste. En ce sens, Galandon a le mérite d’aborder la question sous l’angle du grand public et de mener à son terme, et de manière aboutie, son histoire de gémellité secrète sur fond de règlements de comptes. Au dessin, les encrages réalistes de Michele Benevento mettent l’ensemble en relief de manière fort correcte, bien qu’un tantinet impersonnelle. A découvrir !