L'histoire :
En compagnie de ses hommes embarqués sur 3 drakkars, le roi viking Dagmar fait un raid nocturne spécial : il vient débusquer le dragon marin Ignir jusque dans sa grotte lacustre, pour s’emparer de son trésor. Aussi téméraires qu’inconscients, les vikings attaquent de front. Avec ses griffes, ses crocs, ses coups de queue, ses crachés de feux, Ignir les repousse. Dans leur fuite, le fils de Dagmar, Harald, repère une anfractuosité sur le dessus de la grotte. Les vikings se replient un peu plus loin et font le point. Ils ont des blessés, des morts, mais étant donné que Ignir est lui aussi blessé, ils décident d’y retourner immédiatement, en passant par l’ouverture verticale. Discrètement, tandis qu’Ignir semi-comateux se remet de ses plaies, ils descendent le long d’une corde et découvrent le fabuleux trésor. Ils commencent à remplir des sacs d’or et de pierres précieuses, lorsqu’ils aperçoivent des ombres dans le fond de la grotte. Un trio de guerriers mamelouks les ont doublés et repartent avec un rubis gigantesque. Cette rencontre impromptue réveille Ignir, qui repousse tout le monde. Dagmar est de retour victorieux en son village, avec ses sacs d’or. Mais le lendemain, ils reçoivent la visite violente d’Ignir fort mécontent. Le dragon brûle le village et plonge Dagmar dans une stase et un plasma qui le vieillit prématurément. Il négocie : que les vikings retrouvent son joyau et lui rendent la part du trésor qu’ils lui ont volé, et il libérera Dagmar…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et soudain, les éditions Bamboo se mirent à l’heroïc-fantasy ! Car bien que situé dans un contexte historique bien balisé – l’ère des raids vikings sur les côtes européennes, entre l’an 800 et l’an 1050 – il s’agit tout de même avec ce premier tome d’Harald et le trésor d’Ignir d’un dragon qui parle et qui fait un chantage à base de léthargie magique. Et qui déclenche pour nos héros vikings une quête ardue en de lointaines contrées orientales. Pour nous immerger dans cette aventure, le scénariste Matthieu Brivet mélange en effet des faits historiques avérés – la fascinante culture arabe, la suprématie viking sur les mers – et des éléments typiques de l’HF (dragon, quête). A défaut d’être tout à fait originale (les éditions Soleil ont mainte fois œuvré dans le registre…), cette première partie de diptyque est plutôt bien rythmée, dialoguée et fort agréable à suivre. Or si le prof de physique/chimie Matthieu Brivet se mue pour la première fois en scénariste, c’est pour les crayons infographiques de son frère Antoine (lui-même instituteur dans la « vraie » vie). Antoine Brivet avait déjà écumé l’aventure maritime avec Tortuga. Il fléchit cette fois sa griffe artistique semi-réaliste pour se rapprocher des illustrations qu’il a effectuées depuis deux ans pour les romans Wonderpark (de Fabrice Colin). L’ambiance demeure donc jeunesse, sans hachage sanguinaire insupportable. Le ton bon-enfant mais tout de même aventureux, ainsi que le visuel original, cohérent, régulier, très coloré et majoritairement sans contours de formes, sont les aspects les plus enthousiasmants de cette mise en bouche.