L'histoire :
30 septembre 1958. De terribles inondations frappent le midi de la France. Les rues deviennent doucement impraticable et même les maisons se retrouvent les « pieds » dans l’eau. Malgré cette crue qui balaie tout sur son passage, le médecin de la région, Jean Poujol, continue sa tournée afin de s’occuper de ses patients réguliers. Alors qu’il fait une halte au café du coin afin de donner les « mauvaises » nouvelles qu’il a glanées auprès des gendarmes, Jean se rappelle soudain qu’il a oublié l’un de ses patients, un petit vieux vivant au sommet des collines des Cévennes. Ni une ni deux, il part en trombe en direction de la demeure du vieil homme. Arrivé au pont qui doit lui permettre de rejoindre sa destination, le médecin est stoppé par un policier qui lui déconseille vivement de l’emprunter. En effet, l’eau a déjà commencé à passer par-dessus et d’autres ponts ont déjà été détruits par le torrent ! Jean explique alors que le patient qu’il doit aller voir n’a personne d’autres pour prendre soin de lui et vérifier qu’il va bien, il préfère donc tenter le passage malgré le danger. La traversée du pont se passe sans accroc, mais juste après, le véhicule se fait emporter par le courant de l’inondation. Ne pouvant plus reprendre le contrôle de son engin, Jean en sort avant d'être totalement avalé. Puis il termine sa route à pied afin de rejoindre celui qui est, ni plus ni moins, son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Didier Quella-Guyot part d’un fait historique, la crue exceptionnelle des Cévennes en septembre 1958, pour mettre en scène un médecin qui risque tout pour rejoindre un patient isolé. Alors qu’on est admiratif face au courage du héros, l’auteur surprend une première fois en révélant que le vieil homme n’est autre que le père du docteur. Et le récit va se poursuivre ainsi, de surprises en révélation, durant 80 pages. En effet, le héros se retrouve coincé avec son père à cause des inondations, et ce moment d'intimité familiale est l'occasion pour eux de renouer le dialogue et de lever le voile sur leurs mystères et leurs secrets familiaux. Rythmé en cinq chapitres, sautant entre passé et présent, l’histoire se révèle plaisante à lire. On découvre pourquoi le héros a fui et voyagé durant 25 ans et ce que ses parents lui ont caché durant tout ce temps. En plus de l’épisode cévenol, le scénariste révèle d’autres pans de l’Histoire, comme la guerre 14/18, ou encore la vie des détenus français en Guyane. Aux dessins, on retrouve Sébastien Morice, déjà associé à Quella-Guyot sur Facteur pour femmes et Boitelle et le café des colonies. Le dessinateur propose des décors sublimement travaillés, au sein desquels il met en scène des personnages attachants. Bref, c’est très beau et l’on voyage énormément à la lecture de l’ouvrage. Un album aussi surprenant qu’original, aussi humain que captivant, comme on aimerait en lire plus souvent…
